Les libéraux sont en mission pour saborder l’État social québécois. On ne compte plus les fois où ils nous en ont fait la démonstration. Si on ne réagit pas, le modèle social que nous avons contribué à construire disparaîtra. Et tous les jours, nous en subirons lourdement les conséquences.
Ce gouvernement a fait le choix de priver l’État de revenus, en diminuant les charges fiscales des employeurs. Il a choisi de diminuer la qualité et l’accessibilité des services de santé, sociaux et d’éducation. Ce faisant, il a ajouté une pression indue sur celles et ceux qui œuvrent au quotidien dans les services publics. Il a décidé de frapper les assistés sociaux d’une autre réforme. Il a tranché sur le type d’emplois qui sont créés, en se faisant le promoteur de jobines, plutôt que d’emplois de qualité à partir de politiques qui relanceraient le secteur manufacturier et l’ensemble des régions. Il s’est opposé à hausser le salaire minimum à un niveau décent qui participerait à sortir des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs de la pauvreté. Il refuse d’intervenir adéquatement sur les paradis fiscaux. Il a fragilisé le syndicalisme dans le secteur public en imposant des fusions d’unités d’accréditation qui rendront plus difficile une vie syndicale active et revendicatrice.
Ses mesures d’austérité continuent de frapper durement le modèle qui a été mis en place à partir de la Révolution tranquille et, comme mouvement organisé, nous avons la responsabilité d’agir pour stopper cette opération de démolition. Ce n’est pas le Québec que nous voulons.
C’est le sens qu’il faut donner aux décisions de notre 65e Congrès. Le manifeste Voir loin, viser juste, qui a été lancé à ce moment, témoigne de cette nécessité de se mobiliser pour que les choses changent, dans l’intérêt des travailleuses et des travailleurs et de la population en général. Voilà l’esprit du plan d’action qui a été présenté.
Nous voulons vivre mieux
Comme je l’ai mentionné en ouverture du congrès, ce n’est pas le Québec que nous voulons. Je me permets de reprendre un extrait de mon mot d’ouverture :
« [Le Québec des libéraux de Couillard et des patrons] c’est celui que nous combattons et nous continuerons de le combattre sur la base de nos valeurs, de nos principes, de notre projet et de la solidarité qui nous unit. La CSN est une organisation de lutte et l’action que nous menons est au cœur du rapport de force qui se joue dans les milieux de travail, mais également qui se déploie dans la définition du rôle de l’État.
« Et nous, que recherchons-nous ? Nous revendiquons plus de démocratie, plus de justice et plus d’équité. Nous voulons que les hommes et les femmes vivent mieux, qu’ils améliorent leurs conditions de vie et leurs conditions de travail au quotidien. Dans la société et dans les usines, les écoles, les entrepôts, les commerces, les hôpitaux, partout ! Comme travailleuses et travailleurs, mais aussi comme citoyennes et citoyens. »
Le plan d’action qui a été voté doit permettre une conscientisation des enjeux et une mobilisation, qui pourra sortir le Québec de cet état d’austérité permanente. Nous devons opposer à ces politiques restrictives une vision progressiste du Québec qui doit permettre d’envisager une amélioration des conditions générales de vie.
Ce plan d’action doit aussi remettre de l’avant le type de syndicalisme pratiqué par la CSN. Un syndicalisme qui n’est pas enfermé dans les ornières du corporatisme et de l’affairisme, comme on l’a constaté chez d’autres organisations syndicales lors de la période de votes imposés dans la santé et les services sociaux. Car la pertinence du syndicalisme, en particulier le syndicalisme combatif, continue d’être remise en question. Nous continuerons d’agir sur le terrain de la négociation collective et de la promotion des droits de nos membres dans les lieux de travail. C’est notre mission première.
Mais nous interviendrons aussi sur le terrain social et politique, en prônant une solidarité et une combativité nécessaires à l’avancement des intérêts de la classe des travailleuses et des travailleurs. Il ne fait aucun doute que cette solidarité qui se crée entre des hommes et des femmes œuvrant dans tous les secteurs d’activité est essentielle non seulement pour ne pas reculer, mais pour progresser collectivement.
Nous le ferons en parallèle au travail qui doit être accompli pour redynamiser la vie syndicale dans notre mouvement. Des syndicats forts, une condition essentielle à une CSN forte !