La Fédération des professionnèles (CSN) craint fortement que la gestion très centralisée introduite par la réforme Barrette s’accompagne d’un rationnement des services offerts à la population en se basant sur les statistiques incomplètes qui sont compilées en ce moment.
La FP dénonce surtout le fait que les interventions qui ne sont pas réalisées directement avec les patients ne sont pas prises en compte dans les statistiques. À titre d’exemple, il n’est pas financièrement intéressant pour un établissement de santé et de services sociaux de faire des interventions à domicile auprès des proches aidants d’un patient qui souffre de l’Alzheimer. C’est pourtant essentiel ! Le temps consacré par un ergothérapeute à trouver les équipements nécessaires aux besoins d’adaptation d’une personne handicapée n’est pas non plus valorisé dans les statistiques. Même phénomène pour une travailleuse sociale qui cherche de l’hébergement pour une personne en détresse. De par sa nature, le travail technique et professionnel est plus souvent effectué en l’absence du patient par rapport à celui des infirmières ou des médecins. Il est donc considéré comme ayant moins de « valeur ajoutée » par les statistiques exigées par le ministère de la Santé et des Services sociaux. En plus, cette méthode dévalorise certaines parties du travail des techniciens et des professionnels.
« Si on ne comptabilise pas certains actes de professionnels ou de techniciens et que le financement est basé sur ces chiffres-là, on se dirige vers une importante coupe de services à la population », explique Danny Roy, responsable du dossier de l’organisation du travail à la Fédération des professionnèles (FP-CSN), qui ajoute que ce problème sera bientôt accentué par la création des immenses CISSS de la réforme Barrette, dont les administrateurs seront encore plus loin des réalités du terrain et gèreront surtout avec des statistiques et des quotas.
« À cause de ces mauvaises données, qui ne reflètent pas la réalité, le financement à l’activité prévu par le ministre Barrette risque d’échapper des pans entiers de services professionnels qui sont mal comptabilisés », ajoute Michel Tremblay, président de la FP-CSN, qui dénonce aussi l’absence de détails sur le financement à l’activité qui est annoncé par le ministre Barrette comme faisant partie des étapes à venir de sa réforme.
La FP estime que certains établissements de santé et de services sociaux pourraient être tentés d’adapter leurs rapports statistiques de façon à mieux tenir compte de cette réalité vécue sur le terrain et qui n’est malheureusement pas captée par la méthode imposée par le ministère pour la reddition de compte. « Il ne s’agirait pas de gonfler les chiffres, mais de les rendre fidèles au travail réel », conclut Danny Roy.
À propos
La Fédération des professionnèles (FP) rassemble plus de 8000 professionnèles, techniciennes et techniciens oeuvrant dans différents secteurs d’activité, dont celui de la santé et des services sociaux.