La Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) sont extrêmement préoccupées par les orientations que le gouvernement libéral est en train de prendre sur l’avenir du Régime de rentes du Québec (RRQ). Les dés de cette consultation semblent en effet pipés : avec les hausses dérisoires qui sont proposées, les libéraux vont carrément asphyxier la pension de retraite et s’éloignent encore de l’objectif d’une retraite décente pour tous.
Avec le dépôt du document de consultation sur l’avenir du Régime de rentes du Québec, ce gouvernement montre encore une fois son vrai visage : hausse anémique de la pension de retraite, augmentation de l’âge de la retraite, diminution de l’indexation, réduction de la rente au conjoint survivant, etc. « C’est complètement surréaliste de penser que le gouvernement peut proposer aux futurs retraités québécois moins que ceux du reste du Canada. Le gouvernement libéral est déconnecté de sa population. Il est temps d’agir. Il est urgent pour nos futurs retraités de bonifier le Régime de rentes du Québec. Ce gouvernement gouverne uniquement avec le lobby patronal. Après avoir fait une job de bras avec les maires dans le dossier des régimes de retraites municipaux, il fait une job de bras à ceux qui n’ont même pas de régime de retraite autre que le RRQ », déclare le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux.
Actuellement, le RPC et le RRQ sont pratiquement identiques. Il est inacceptable qu’une amélioration au RPC n’ait pas son équivalence au Québec. Nous nous opposerons donc à toute proposition qui ira en deçà de l’entente conclue entre les provinces et le fédéral à Vancouver. Par ailleurs, le gouvernement mise sur les régimes volontaires d’épargne-retraite (RVER) pour assurer une sécurité financière à la retraite, mais cette mesure ne fonctionne pas. « Ce n’est pas un exercice de consultation que lance le gouvernement, mais plutôt un exercice de marketing. Les RVER ne sont pas une bonne solution, car les employeurs ont tout le contrôle sur le choix de l’institution financière et des placements, même s’ils n’ont aucune obligation d’y cotiser. Les RVER ne sont en fait que des regroupements de comptes individuels sans aucun partage de risques. Ce n’est pas équitable », déplore la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, qui dénonce, par ailleurs, la volonté du gouvernement de réduire la prestation pour les conjoints survivants. « Les libéraux prétendent que cette rente est moins justifiée à cause de l’intégration des femmes sur le marché du travail. Or, c’est complètement nier la réalité, car les femmes gagnent encore en général des salaires inférieurs à ceux des hommes. Diminuer cette rente contribuerait à les pénaliser encore plus à la retraite », ajoute-t-elle.
La proposition du gouvernement dans son document de consultation repose sur une analyse purement comptable et rate la cible en s’attaquant aux personnes les plus vulnérables de notre société. Si le gouvernement va de l’avant avec ses recommandations, le Québec offrirait le régime le moins généreux du Canada. « Les Québécois et Québécoises seraient donc considérés comme des retraités de deuxième ordre. C’est inadmissible. Par le fait même, dans la prémisse de sa consultation, le gouvernement rate déjà la cible en s’attaquant aux personnes les plus vulnérables de notre société. L’objectif d’une retraite décente n’est pas au cœur des réflexions et encore une fois ce sont principalement les femmes qui écoperont. C’est tout à fait inacceptable. Encore aujourd’hui, les femmes ont des revenus de l’ordre de 40 % inférieurs aux hommes à la retraite et les régimes publics font en sorte de réduire ces écarts. Les travailleurs et les travailleuses doivent pouvoir compter sur une sécurité financière décente à la retraite, c’est primordial », explique la présidente de la CSQ, Louise Chabot.
« Nos organisations invitent le gouvernement libéral à se ressaisir au plus vite. Les Québécois et Québécoises sont à la recherche d’un gouvernement qui mettra fin aux inégalités, particulièrement à l’endroit des femmes qui, pour bon nombre, sont dans une situation précaire au moment de la retraite. L’austérité doit avoir une fin », concluent les leaders syndicaux.