Avec un taux d’appui qui oscille en moyenne autour de 81 % chez les syndicats du secteur public affiliés à la CSN, nos membres ont de quoi être fiers des gains réalisés lors de cette ronde de négociation qui est sur le point de se conclure avec la signature des différentes conventions collectives.
La mobilisation sans précédent dont ont fait preuve les syndicats, couplée à un appui massif de la population, aura finalement eu raison de l’entêtement obtus du gouvernement à limiter au minimum les concessions financières qu’il était prêt à consentir aux employé-es de l’État. Mais soyons clairs : le véritable enjeu de cette négociation était le redressement de nos services publics, et quoi qu’en dise aujourd’hui le premier ministre, il est évident que ce n’était pas son choix initial.
« Largement déficitaire »
Les votes dans le secteur de l’éducation étaient à peine terminés que François Legault, flanqué de la présidente du Conseil du trésor et du ministre de l’Éducation, est venu nous annoncer en conférence de presse que le budget déposé le 12 mars serait « largement déficitaire, beaucoup plus déficitaire qu’il l’était avant ces négociations ».
En voulant faire porter le fardeau du report du retour à l’équilibre budgétaire sur les augmentations consenties dans le secteur public, c’est dire toute la générosité et la grande magnanimité qui l’animaient dans sa volonté de redresser nos services publics…! Tout ça, bien sûr, sans qu’un seul mot ne soit prononcé à propos de l’envoi de chèques soi-disant « anti-inflation » de 500 $ ou des baisses d’impôt qu’il a lui-même décrétées une année auparavant.
De toute façon, la turpitude du gouvernement actuel en matière de négociation avec les syndicats n’est plus à démontrer : en à peine deux mois, le Tribunal administratif du travail l’a reconnu coupable deux fois plutôt qu’une d’entrave aux activités syndicales et de négociation de mauvaise foi, allant même jusqu’à qualifier l’attitude des négociateurs gouvernementaux de « délinquante ». Obstination, quand tu nous tiens…
Crise des médias
Il n’y a pas que le gouvernement Legault qui se comporte de manière délinquante dans notre société. Les géants du numérique, qui se sont accaparés au cours des 10 dernières années plus de 75 % des revenus publicitaires des médias d’information du Québec, agissent également comme s’ils étaient au-dessus des lois en faisant fi des règles fiscales pourtant en vigueur. Résultat : les fermetures et les pertes d’emplois ne cessent de s’accumuler au sein des salles de rédaction.
C’est pourquoi, devant l’ampleur de la crise, la CSN réclame d’élargir le crédit d’impôt à la masse salariale de la main-d’œuvre journalistique et la mise sur pied d’un fonds dédié au soutien de l’information. Car lorsque notre accès à une information locale, rigoureuse et diversifiée recule, c’est aussi notre démocratie qui est mise en péril. L’heure est donc à la mobilisation pour sauver nos médias d’information, tant nationaux que régionaux !
Vigilance
Sur la scène fédérale, il y a là aussi matière à se mobiliser : d’abord, pour rappeler au gouvernement Trudeau de réformer l’assurance-emploi, tel qu’il l’avait promis en 2015. Près de 10 ans après avoir été élu et plus de 50 ans depuis la dernière réforme, il est plus que temps que le gouvernement revoit en profondeur les critères d’admissibilité à ces prestations afin que celles-ci puissent réellement bénéficier aux travailleuses et travailleurs qui en ont besoin. À l’heure actuelle, à peine 40 % des chômeuses et chômeurs peuvent se qualifier.
Enfin, que ce soit à Québec ou à Ottawa, nous devrons demeurer vigilants pour veiller aux intérêts des travailleuses et travailleurs dans le cadre des divers projets de loi et réformes en cours, notamment celle qui s’opère sous nos yeux en santé et services sociaux, et celle à venir dans l’industrie de la construction. Et c’est en nous mobilisant que nous y parviendrons, car quand les syndicats se battent, c’est l’ensemble de la société qui en bénéficie.