À partir du moment où François Proulx-Duperré a pris en charge le dossier des relations interculturelles à titre de secrétaire général du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches, le double discours des gouvernements à l’égard des travailleuses et des travailleurs migrants a suscité chez lui une profonde indignation.
« Les gouvernements sont hypocrites ! On dit aux travailleurs étrangers : “venez chez nous, vous allez pouvoir bénéficier d’un paquet de services !”, alors qu’une fois rendus ici, ils constatent que leur permis de travail fermé les pousse à une extrême vulnérabilité », déplore le militant syndical.
Mais ce qui répugne le plus François, c’est que les gouvernements changent les règles du jeu en plein milieu de la partie.
Le récent moratoire imposé par le gouvernement de la CAQ sur l’octroi de permis de travail et de Certificats de sélection du Québec (CSQ) a un impact direct sur le parcours de vie d’une quarantaine de membres d’origine colombienne de l’entreprise Canam Ponts, syndiquée CSN, sur la Rive-Sud de Québec. Toujours confinés à des permis de travail fermés, les camarades sont pourtant installés ici depuis un bout : de trois à neuf ans, pour la plupart.
« On leur a vendu l’idée qu’ils pourraient progressivement obtenir un CSQ, un chemin menant à la résidence permanente, puis à la citoyenneté. Mais le moratoire de la CAQ vient changer les règles du jeu, en plein milieu de la partie », dénonce le secrétaire général.
Autre exemple : on exige des travailleuses et des travailleurs étrangers qu’ils maîtrisent le français afin d’obtenir ce même certificat, puis on coupe dans les budgets alloués aux ressources en francisation.
François le reconnaît : l’arrivée de nombreux travailleurs étrangers dans les rangs de nos syndicats change la nature de notre travail syndical.
« Ce sont des frères et des sœurs qui travaillent comme nous. Nous devons tenir compte de leurs besoins et de leurs intérêts, comme n’importe quel travailleur ou travailleuse ! »
Lors de la fermeture de l’usine Olymel de Vallée-Jonction, si 75 travailleurs étrangers temporaires ont pu être replacés dans d’autres usines Olymel, 50 d’entre eux n’ont pas eu cette chance. Installés au Québec depuis quelques années, ils risquaient d’être renvoyés.
Le travail de représentation politique, pour trouver les voies d’immigration appropriées, a été effectué par le conseil central et la CSN. Mais il y avait aussi de réels besoins en matière d’organisation communautaire qui ont dû être pris en charge, allant de l’accès à du logement aux cours de francisation qui ne sont plus assumés par l’État.
Une belle victoire est venue consacrer les années de travail du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalanches visant à favoriser une meilleure inclusion des travailleuses et travailleurs étrangers. Il y a quelques mois, après des mois de soutien aux travailleurs hispanophones du Club Med de Charlevoix, le syndicat CSN a enfin été accrédité à la suite d’une période de maraudage. En collaboration avec l’organisme Latinos en Charlevoix, le conseil central était venu appuyer les luttes de ces travailleuses et travailleurs, plus ou moins abandonnés par le syndicat en place.