Voilà bientôt trois ans que des employé-es d’Amazon ont approché la CSN afin de se syndiquer. Or, seul l’entrepôt DXT4 à Laval est aujourd’hui syndiqué. Les pratiques antisyndicales d’Amazon semblent bien y être pour quelque chose.
À YUL2, premier entrepôt d’Amazon où les employé-es ont tenté de se syndiquer, la multinationale a multiplié les pratiques déloyales pour bloquer la campagne de syndicalisation. Du jour au lendemain, des Amazonians – des cadres de Toronto, de Vancouver et de Chicago – sont venus questionner les employé-es, autant sur la façon dont ils voyaient leur avenir au sein de la compagnie que sur la présence d’organisateurs syndicaux. En offrant les croissants, bien sûr.
Les affiches se sont multipliées à la cafétéria, aux toilettes et dans les aires de repos. Des messages de l’employeur clairement antisyndicaux y étaient inscrits : « Protégez votre signature, une carte syndicale est un document juridique », ou encore : « Vous n’avez pas à fournir vos renseignements personnels », avec images d’empreintes digitales à l’appui. « Vous avez le droit de ne pas signer une carte », pouvait-on aussi lire. On voulait faire peur aux employé-es, dont plusieurs sont issus de l’immigration.
Après une poursuite de la CSN en juillet dernier, Amazon a été sommée de cesser d’entraver les activités syndicales et condamnée à verser 30 000 $ au syndicat à titre de dommages moraux et punitifs.
À DXT4 aussi
À DXT4, le lundi suivant le dépôt de la requête en accréditation de l’entrepôt, Amazon ressort ses Amazonians et des messages identiques à ceux de YUL2.
Si le syndicat est bien accrédité en mai, Amazon multiplie les tactiques déloyales. En anglais, en français, en arabe et en punjabi, des messages antisyndicaux sont envoyés et lus à voix haute à tous les employé-es. « Nous prévoyons faire appel de cette décision. Il est important que les associés fassent entendre leur voix. Nous tenons à un processus électoral équitable, à ce que les lois respectent le droit de chaque individu d’être entendu, et au droit de décider de ce qui convient à nos employé-es de DXT4 », publie la direction dans l’application AtoZ destinée aux employé-es.
La CSN et le syndicat en place ont déposé une plainte en vertu des articles 12 et 15 du Code du travail. Ces articles concernent les entraves aux activités syndicales et les représailles envers des membres qui en auraient exercé. La première journée d’audience a eu lieu le 25 octobre.
Quant au processus électoral équitable que poursuivait la multinationale dans son recours constitutionnel, cette digression a été rejetée du revers de la main par la juge Zaïkoff du Tribunal administratif du travail, dans un jugement rendu en octobre dernier. Comme quoi, même devant des géants antisyndicaux, la CSN réussit à faire respecter les droits des travailleuses et des travailleurs.