La campagne électorale qui se déroule actuellement donne lieu à une rhétorique politique dans laquelle le spectre des solutions proposées n’apparaissent que très rarement fructueuses pour les plus démunis de notre société, pas plus qu’elles ne le sont pour les travailleuses et les travailleurs. Il s’agit là d’une dérive qui pourrait s’avérer désastreuse pour la société québécoise.
Alors que tous reconnaissent que la résilience dont a fait preuve le Québec lors de la dernière crise économique est essentiellement due à la qualité de ses services publics et à son système de protection sociale, plusieurs font encore leur credo de l’austérité budgétaire. Et c’est sans compter l’imparable volonté de plusieurs de faire du remboursement de la dette le dogme qui devrait dicter nos choix sociaux.
Il est impératif que le prochain gouvernement convoque un débat public large sur l’ensemble des questions touchant à la fiscalité, aux services publics, aux programmes sociaux, à la situation financière du gouvernement et à l’état du fédéralisme fiscal canadien. Ces consultations doivent être l’occasion de rappeler que l’objectif principal de la fiscalité est d’assurer le financement des services publics et des programmes sociaux que la société québécoise a choisi de se donner et auxquels nous tenons. Le poids de la fiscalité ne peut être évalué en faisant fi des services et des programmes que cette fiscalité permet de financer. Elle doit être évaluée à l’aune de la solidarité que nous choisissons de placer au premier rang de nos valeurs.
Équité et justice
Ainsi, nous attendons du prochain gouvernement qu’il pose des gestes concrets afin que, comme société, nous tendions vers plus d’équité et de justice sociale. Un rehaussement du salaire minimum significatif afin que le travail ne puisse plus se conjuguer avec pauvreté; un encadrement des agences de placement pour que l’exploitation qu’elles engendrent n’ait plus droit de cité au Québec; une révision du Code du travail qui tienne compte des nouvelles réalités du marché du travail afin de favoriser le droit d’association et de démocratiser nos lieux de travail; des mesures qui assurent des revenus à la retraite afin que tous puissent vieillir dignement et décemment; voilà des gestes que nous réclamons de ceux qui aspirent à nous gouverner.
Le gouvernement ne peut pas se poser en spectateur passif de la vie économique. Stimuler l’économie à court terme dans un contexte de ralentissement et d’incertitude économique, réguler le secteur financier, renforcer les politiques de développement régional, assurer une exploitation de nos ressources naturelles respectueuses de l’environnement et des générations futures sont pour nous de la responsabilité de l’État.
Tout comme il devrait lui revenir d’élaborer et de mettre en oeuvre une politique industrielle qui relance le secteur manufacturier québécois en s’appuyant sur les principes du développement durable. Voilà de quoi écrire le prochain scénario d’un développement économique durable pour le Québec que nous attendons avec impatience.
Les Québécois attendent de leurs prochains dirigeants qu’ils militent pour plus de démocratie et qu’ils soient attentifs à l’expression du peuple. Des consultations sur les enjeux liés au libre-échange et une révision du mode de scrutin sont deux exemples concrets d’actions qui confirmeraient le désir du prochain gouvernement de placer le citoyen à l’avant-scène.
Mais plus encore, nous attendons du prochain gouvernement qu’il s’engage résolument à respecter le droit des citoyennes et des citoyens à décider eux-mêmes de leur avenir. Le droit de se prononcer pour l’indépendance politique du Québec.
Nous espérons que vous saurez prendre des engagements sans équivoque afin que le Québec soit une société où il fait bon vivre. Une société plus juste et plus égalitaire.