Égalité et justice

Pour un programme inclusif de régularisation des personnes « sans statut »

manifestation pour les sans statut à Québec

Le gouvernement fédéral entend créer un programme de régularisation pour les personnes immigrantes sans statut au Canada et consulte actuellement les provinces à cet égard. Cette semaine, la CSN a écrit à la nouvelle ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration pour demander au gouvernement québécois de s’inscrire dans cette démarche afin que ce programme soit inclusif, simple et complet et qu’il réponde aux engagements humanitaires et aux besoins du Québec.

Non seulement cela permettrait de respecter nos obligations internationales en matière de droits de la personne, mais également d’assurer que la société québécoise fasse dignement face aux pénuries de main-d’œuvre, sans avoir à recourir à tous ces gens qui sont privés de protection et de droits.

Les 330 000 membres de la CSN sont témoins dans toutes les régions de cas de travailleuses et de travailleurs qui, faute d’un statut de résidence permanente en règle, sont :

  • séparés de leur famille pendant des années ;
  • privés d’un logement décent et d’accès aux services publics ;
  • souvent payés au noir, sous le salaire minimum et sans avantages sociaux ;
  • infectés ou blessés au travail, mais non compensés ;
  • surchargés d’heures de travail bien au-delà des limites autorisées par la loi ;
  • sans stabilité d’emploi ni preuve de leurs expériences antérieures pour retrouver du travail ou réclamer de l’assurance-emploi.

Cette triste description traduit une situation qui n’est certes pas nouvelle, mais ces injustices se multiplient désormais de façon inadmissible. Il faut agir.

Parce qu’ils manquent de main-d’œuvre, nos services de santé et d’éducation peinent à remplir leur mission, les commerces vivotent et ferment plusieurs jours par semaine dans de nombreuses villes. En tablant sur des personnes immigrantes déjà présentes au Québec, intégrées au marché du travail et maîtrisant les pratiques et la langue de travail, ou en voie de le faire, nous pourrions nous rendre service, toutes et tous, citoyennes et citoyens, travailleuses et travailleurs, entreprises et institutions, et ce, sans miner les droits du travail et l’équilibre du marché de l’emploi.

De plus, en accordant la résidence permanente à toutes les personnes sans statut, incluant les plus démunies et les moins qualifiées, nous pourrons assurer la protection de leurs droits égaux au regard des chartes québécoise et canadienne, ainsi que de la Charte onusienne des droits de l’homme, sans détériorer l’évolution des salaires et des conditions de travail de toute la population.

Il faut favoriser l’immigration permanente plutôt que la précarisation de l’immigration à laquelle nous assistons depuis plusieurs années. C’est une question d’égalité et de justice sociale, mais aussi un enjeu de préservation des acquis sociaux pour lesquels plusieurs générations de travailleuses et de travailleurs se sont battues.

 

Caroline Senneville
Présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Lettre ouverte publiée notamment dans Le Quotidien .

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