Comment faire de la prévention en santé et sécurité au travail (SST) alors que la réforme Barrette a imposé la création de mégastructures qui ont grandement chamboulé le réseau de la santé et des services sociaux ? Deux cents délégué-es en SST de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) se sont penchés sur cette épineuse question lors d’un colloque qu’elle a organisé en septembre 2016.
Les syndicats de la CSN interviennent depuis plusieurs années pour réduire les risques à la source dans les environnements de travail. Plusieurs exemples émanant des syndicats du réseau ont démontré qu’à la suite des fusions qui avaient mené à la création des CSSS, le travail avait été ardu pour restructurer leurs actions en prévention. « La fusion des établissements de santé et de services sociaux et la création des CSSS en 2005 nous ont forcés à revoir notre façon de mener les dossiers — ce qui se reproduira sûrement avec la création des CISSS et des CIUSSS. À la conclusion de la négociation de 2010, nous avions l’objectif ambitieux de parvenir à implanter près de 300 comités paritaires en santé et sécurité. C’est ainsi qu’en novembre 2010, nous avions lancé la campagne 1, 2, 3 Go pour nous donner un plan de travail, régional et national, pour atteindre nos objectifs », rappelle Guy Laurion, vice-président responsable de la SST à la FSSS–CSN.
La présentation de Geneviève Baril-Gingras, professeure au Département des relations industrielles de l’Université Laval, a fait ressortir l’importance de miser sur une organisation syndicale fortement décentralisée pour améliorer les interventions à la source et réduire les accidents dans les milieux de travail. « Avec le projet de loi 10 du ministre Barrette, on risque de se retrouver avec une augmentation des accidents du travail si on ne parvient pas à établir une structure syndicale décentralisée. L’objectif, c’est qu’un salarié-e puisse toujours se référer facilement à un représentant syndical s’il vit des situations risquées dans son environnement de travail », poursuit Guy Laurion.
Par ailleurs, les données de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) démontrent que c’est maintenant le secteur de la santé et des services sociaux qui est le plus à risque. En 2014, ce secteur comptait près de 18,4 % des réclamations d’accidents du travail acceptées par la CNESST. Les troubles musculosquelettiques et les chutes sont les principales causes d’accidents du travail. Les lésions psychologiques augmentent aussi de manière inquiétante, mais elles sont rarement reconnues par la CNESST.
La CSN en action sur la prévention
La CSN entend poursuivre ses actions pour réduire le danger à la source dans le réseau de la santé et des services sociaux. Cela est d’autant plus nécessaire dans un contexte où les compressions budgétaires ont grandement alourdi la charge de travail du personnel. Les surcharges de travail augmentent nécessairement les risques d’accident du travail.
« Il est urgent de faire de la prévention une réelle priorité pour les années à venir, explique Jean Lacharité, vice-président responsable de la SST à la CSN. La réforme Barrette ne fait rien pour améliorer les choses. Les signaux d’alarme s’accumulent. Le personnel du réseau de la santé et des services sociaux s’essouffle. Et pour soigner la population, encore faut-il que le personnel soit lui-même en santé, ce qui n’est clairement pas le cas actuellement. Face à ce constat inquiétant, la CSN passe à l’action. À l’opposé de la concentration bureaucratique du ministre Barrette, elle compte sur des services de proximité offerts par des milliers de militantes et de militants partout au Québec et sur un syndicalisme combatif qui veille constamment au grain. »