Marie-Claude Charron est auxiliaire en santé et services sociaux (ASSS) depuis plus de sept ans. Chaque jour, elle sillonne les rues du quartier Villeray à Montréal, à pied, pour visiter ses bénéficiaires aînés ou souffrant d’un handicap et les aider à demeurer autonomes dans leur propre résidence.
Nous l’avons rencontrée au cours d’une « petite » journée de printemps afin de mieux comprendre son travail, insuffisamment valorisé. Elle avait sept bénéficiaires à l’horaire. Les visites peuvent durer 15 minutes comme quelques heures, selon les services offerts. En général, celles du matin se résument à des routines, allant du lever du lit, au déjeuner, en passant par les soins d’hygiène. Le premier homme qu’elle voit ce matin-là, dès 7 h, est encore actif, en fauteuil roulant. Il a besoin d’aide pour se laver chaque matin et pour s’habiller ; car grâce aux services de soutien à domicile, monsieur travaille toujours !
Ses autres bénéficiaires ne sont pas tous aussi actifs, mais ils ont besoin de ses services pour pouvoir demeurer le plus longtemps possible dans leur domicile, malgré leur perte d’autonomie. En plus d’assurer des soins d’hygiène et du soutien à toutes sortes d’activités quotidiennes, Marie-Claude exerce un rôle de prévention important. Aucun autre employé du réseau public ne visite aussi régulièrement des patients à domicile que les ASSS. Elle est la mieux placée pour détecter des changements à l’état de santé physique et psychologique de ses bénéficiaires et pour en faire le suivi auprès de toute l’équipe de professionnel-les de l’établissement.
Des notes insuffisantes
L’horaire de Marie-Claude est différent chaque jour. Il est confectionné par une agente administrative des soins à domicile qui tente le plus possible d’instaurer une certaine stabilité, tant pour Marie-Claude que pour ses bénéficiaires. Malheureusement, les informations qui lui sont transmises sont trop souvent incomplètes ou insuffisantes, surtout lorsqu’il s’agit de nouvelles personnes.
Ainsi, le jour où nous l’avons rencontrée, elle devait visiter une nouvelle patiente pour qui on avait prévu une douche, avec pour seules informations des notes telles que « n’aime pas avoir de l’eau sur ses cheveux » ou encore « pas habituée aux services de soutien à domicile, personne impatiente, s’obstine ». Bref, Marie-Claude appréhendait ce premier contact.
Finalement, la visite s’est bien passée. Certes, la dame ne parlait qu’espagnol, mais son conjoint, lui, parlait français. Marie-Claude n’a pas pu lui donner de douche, car les installations du logement ne sont pas conformes — une ergothérapeute devra se rendre sur les lieux afin d’identifier leurs besoins. Elle l’a lavée à la débarbouillette, tranquillement. Comme il était écrit à son dossier, la dame était réticente à se laisser laver. « Elle tenait sa serviette bien serrée autour du bassin ! Mais j’ai des trucs et je me suis arrangée pour pouvoir la laver partout. Elle n’avait pas pris de douche depuis plus d’une semaine, alors j’ai tenté d’en faire le plus que je pouvais. » Parions que dès la prochaine visite, ce sera déjà plus facile !
Outre les soins d’hygiène, Marie-Claude sera appelée dans la journée à faire de l’aide aux repas ou encore à superviser la prise de médicaments chez des patientes ou des patients nécessitant un suivi. Elle pourrait aussi être amenée à faire certains exercices de physiothérapie, après avoir bénéficié d’un premier entraînement donné par une physiothérapeute de son équipe de travail interdisciplinaire en soutien à domicile. Bref, Marie-Claude est une véritable antenne de l’établissement dans les domiciles. S’il y a un changement à l’état de santé, si les services doivent être revus, c’est elle qui s’en apercevra en premier.
En marchant entre deux visites, rue Beaubien, Marie-Claude se fait héler par une femme assise à une terrasse. « Hé ! Allo, Marie-Claude, comment ça va ? » C’est la fille d’une de ses bénéficiaires qu’elle visite chaque semaine. On sent bien qu’il y a derrière cette salutation, un attachement sincère. Marie-Claude fait partie de sa vie comme de celle de dizaines de personnes du quartier Villeray.
Améliorer le soutien à domicile
La CSN planche actuellement sur une plateforme qui servira à guider toutes ses interventions en matière de soins à domicile. Afin d’alimenter la réflexion, le 24 avril dernier, elle a convié des ASSS, des infirmières, des techniciennes et des professionnelles œuvrant en soutien à domicile à un grand forum sur l’amélioration des services offerts dans ce secteur.