« C’est un plan que nous aurions bien reçu… il y a 20 ans. » C’est ainsi que le président de la CSN, Jacques Létourneau, réagissait au Plan pour une économie verte présenté par le ministre Benoit Charette aujourd’hui.
Pour la CSN, le plan présenté ne reflète pas les consultations menées par le gouvernement auprès des groupes de travail justement formés en vue de son développement. L’urgence climatique impose au Québec un plan complet et intégré qui inclut des mécanismes de suivi et de reddition de comptes pour chacun des investissements. Ces mécanismes manquent au projet du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
« Il est bien d’avoir des mesures incitatives. Mais l’absence de contraintes et de cibles concrètes pour plusieurs secteurs fragilise grandement notre capacité à respecter les recommandations du GIEC et les nombreux engagements du Québec à cet égard », de déplorer le président de la CSN. « L’urgence climatique commande beaucoup plus que le saupoudrage de quelques incitatifs, sans contraintes réelles pour forcer le changement. Malgré les affirmations du premier ministre aujourd’hui, nous considérons que la stratégie du gouvernement ne répond pas aux demandes des jeunes qui l’implorent de les écouter et de gouverner pour les générations futures. »
La CSN partage par ailleurs certains des objectifs en matière d’électrification des transports. Il était plus qu’urgent de forcer la conversion du parc automobile aux véhicules électriques et hybrides rechargeables. Pourtant, les moyens proposés ne permettront pas de révolutionner notre façon de nous déplacer ni de réduire notre dépendance à la voiture, et ce, en dépit de certains investissements à venir — et annoncés à de multiples reprises — en matière de transport collectif. « À ce sujet, la disproportion entre les sommes prévues au PQI pour les infrastructures routières et les investissements prévus par le gouvernement pour l’électrification des transports parle d’elle-même », de souligner Jacques Létourneau.
C’est toutefois sur le plan de la décarbonisation des entreprises que se situe la plus grande déception, estime la centrale syndicale.
« Le parc industriel est à lui seul responsable du tiers des émissions de GES du Québec, rappelle M. Létourneau. Pourtant, aucune cible n’est déterminée par le gouvernement pour ce secteur. Celui-ci ne propose que des sommes incitatives offertes aux entreprises — et on ne parle ici que de 168 M$ par année. »
Enfin, la CSN est d’avis que les organisations syndicales doivent être parties prenantes de ce changement. Ces transformations doivent être menées dans une perspective de transition énergétique juste, seule avenue permettant de trouver des solutions lorsque les transformations liées à la transition ont des impacts sur les travailleuses et les travailleurs dont les emplois dépendent d’industries à haute émission de GES.