Réseau de la santé et des services sociaux

Pas de refondation sans décentralisation

Le réseau peine toujours à se relever de l’austérité des dernières années. Non seulement ces coupes ont miné son fonctionnement, mais ce manque à gagner n’a jamais été comblé. Une refondation du réseau apparaît irréalisable sans investir les sommes nécessaires pour y parvenir.

Caroline Senneville, présidente de la CSN

Depuis quelques semaines, le gouvernement annonce son intention de procéder à une refondation du réseau de la santé et des services sociaux. La pandémie a démontré hors de tout doute que l’organisation du réseau doit être revue aussi bien pour répondre aux besoins de la population que pour freiner la détresse du personnel.

En 2017, une coalition réunissant la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN), représentant les salarié-es de toutes les catégories de personnel, ainsi que l’Alliance des patients pour la santé, l’Association médicale du Québec et l’Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux, proposait 15 pistes de solutions. La crise de la COVID-19 a montré que ces solutions sont plus pertinentes que jamais pour améliorer et pérenniser le réseau de la santé et des services sociaux.

Pour une réelle décentralisation
Décentraliser le système de santé et de services sociaux, c’est beaucoup plus que de saupoudrer quelques postes de cadres par-ci par-là dans les établissements. Il faut revoir l’organisation du réseau et s’attaquer en priorité à la situation des services aux aîné-es et des services de protection de la jeunesse. Les CHSLD et les centres jeunesse se trouvent noyés dans les mégastructures que sont les CISSS et les CIUSSS, au sein desquels les centres hospitaliers sont des poids lourds.

Décentraliser le réseau, c’est aussi redonner une voix à celles et ceux qui donnent les services comme à celles et ceux qui les reçoivent. La refondation du réseau doit permettre une plus grande participation aux décisions de la part du personnel, en misant sur son expertise et son autonomie professionnelle et celles de la population, notamment au sein des conseils d’administration.

Redevenir un réseau où il fait bon travailler
Après deux ans de pandémie, le personnel est à bout de souffle. Il faut mettre fin à la surcharge de travail et au temps supplémentaire obligatoire (TSO). La meilleure manière d’attirer la relève, c’est de donner de meilleures conditions de travail, dès maintenant, en ouvrant le dialogue entre le gouvernement et les organisations syndicales, comme cela a été fait lors de la 5e vague de COVID-19. Il n’y a qu’une cible à viser et c’est de retrouver la fierté de travailler pour attirer les jeunes dans leur choix de carrière.

Réinvestir pour effacer les ravages de l’austérité
Le réseau peine toujours à se relever de l’austérité des dernières années. Non seulement ces coupes ont miné son fonctionnement, mais ce manque à gagner n’a jamais été comblé. Une refondation du réseau apparaît irréalisable sans investir les sommes nécessaires pour y parvenir. Pensons seulement aux coupes à la santé publique qui ont rendu impossibles la préparation et l’adaptation de la stratégie nationale lorsque la pandémie a frappé. Elles expliqueraient l’hécatombe vécue dans les CHSLD, selon la commissaire à la santé et au bien-être. De plus, un réinvestissement en santé mentale est absolument crucial.

Le renforcement du soutien à domicile est non seulement une nécessité pour la qualité de vie des citoyennes et des citoyens, c’est aussi un choix budgétaire tout à fait cohérent. À cet égard, le Québec a un énorme retard à combler par rapport à des États comparables et aux autres provinces. Il doit donc y avoir des sommes dédiées aux soins en santé physique et mentale à domicile.

Mieux investir là où ça compte n’est pas tant une question de ressources disponibles que de choix politiques. À elles seules, deux mesures comme l’instauration d’une assurance médicaments universelle et une révision du mode de rémunération des médecins permettraient d’octroyer des sommes importantes vers ces priorités structurantes.

Le gouvernement aura-t-il le courage nécessaire pour procéder à une véritable refondation du réseau, notamment sur ces trois axes prioritaires que nous proposons ? L’heure n’est plus aux belles paroles. Il faut intervenir. Il y a urgence d’agir !

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