Santé et services sociaux

Oui, il faut décentraliser, pour vrai

Nous appelons à un changement de paradigme complet afin de nous concentrer davantage sur les besoins réels de la population. Il faut recréer des instances plus démocratiques qui auront notamment comme mission de mieux coordonner les services offerts à la population sur un territoire donné.

Le gouvernement de la CAQ prépare une profonde transformation en santé et services sociaux. L’actualité nous démontre chaque jour que le statu quo est intenable. L’ensemble de la population souhaite que ce gouvernement réussisse à soigner ce système dont nous avons déjà été si fiers, collectivement.

L’une des clés de la réussite sera sans aucun doute de procéder à la nécessaire décentralisation souhaitée par nombre d’acteurs du milieu, alors que des années de réformes sont allées dans le sens inverse. Les solutions aux problèmes de notre système existent très souvent déjà à l’intérieur du réseau public. Il suffit de discuter sérieusement avec les travailleuses et les travailleurs qui sont au cœur des soins et des services au quotidien pour constater à quel point ils savent ce qui fonctionne et ce qui ne tourne pas rond. Au fil des années, la centralisation excessive et l’affaiblissement du secteur public ont érodé leur sentiment d’appartenance et ont nui à leur capacité d’offrir les meilleurs services possibles.

La décentralisation véritable du système et sa démocratisation seront pour nous des axes prioritaires pour analyser les changements que proposera le gouvernement. Nous avons déjà eu l’occasion de présenter notre vision au ministre à ce sujet lors de discussions qui portaient notamment sur son plan santé. Il en va de même quant au projet de création d’une agence provinciale de gestion, jusqu’ici nommée Santé Québec.

Pour une véritable décentralisation, il faut recréer des espaces permettant de ramener certaines décisions au niveau terrain, plus près des citoyennes et des citoyens, afin de mieux adapter les services à leurs besoins. Il faut redonner de l’autonomie aux établissements et favoriser la concertation entre les différents acteurs.

Or, depuis des décennies, les gouvernements ont eu tendance à centraliser les décisions dans des mégastructures régionales dont les dirigeants, trop souvent déconnectés du terrain, sont nommés par Québec. Aujourd’hui, la population n’a pratiquement plus de voix dans la prise de décision, ni même les intervenantes et les intervenants qui peinent à offrir les soins et les services au quotidien. Ils sont pris dans un système rigide dont la culture actuelle empêche l’intégration de leur point de vue pour améliorer son fonctionnement.

Nous appelons à un changement de paradigme complet afin de nous concentrer davantage sur les besoins réels de la population. Il faut recréer des instances plus démocratiques qui auront notamment comme mission de mieux coordonner les services offerts à la population sur un territoire donné.

 

Miser sur les CLSC
Un exemple concret parmi d’autres d’une véritable décentralisation serait de miser sur les Centres locaux de services communautaires (CLSC). Non seulement ces établissements sont-ils déjà présents sur tout le territoire québécois, mais ils sont en plus tout désignés pour devenir la porte d’entrée pour toute la population qui a besoin d’un soin ou d’un service, qu’il s’agisse de santé physique ou mentale.

Les CLSC ont été pensés dès le départ pour jouer ce rôle. On peut facilement imaginer des CLSC ouverts de jour comme de nuit et la fin de semaine, qui soignent la population et qui réunissent tous les services de première ligne offerts par des équipes multidisciplinaires, sous un même toit. Ils pourraient prendre le relais des cliniques privées et des groupes de médecine familiale (GMF) qui ont échoué à améliorer l’accès de la population au système de santé et de services sociaux.

Les CLSC ont une mission globale qui ne se limite pas aux urgences mineures de santé : elle englobe également la prévention et des actions sur les déterminants sociaux de la santé. Ils pourraient constituer le guichet unique, tant sur le plan médical que psychosocial, pour permettre à la population de consulter la bonne ressource pour chaque besoin.

Nos CLSC sont sous-utilisés. Nous invitons le gouvernement à étudier sérieusement la possibilité de miser davantage sur eux et d’en faire l’assise de ce qui constituerait une véritable décentralisation.

La CSN propose par ailleurs plusieurs autres pistes de solution pour améliorer globalement la situation en santé et services sociaux. On peut les retrouver sur notre site Web : https://www.csn.qc.ca/vraiment-public.

 

Lettre ouverte de Caroline Senneville, présidente de la CSN, publiée le 27 janvier 2023 dans le quotidien Le Droit.

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