Trou noir de l’assurance-emploi

Ottawa doit mettre en place des mesures d’urgence avant d’arriver avec une solution durable

Devant la multiplication des cas de personnes sans emploi qui se retrouvent actuellement sans prestations d’assurance-emploi dans l’est du Québec, la CSN réclame du gouvernement fédéral qu’il annonce des mesures d’urgence, le temps d’en arriver à des solutions durables à ce problème récurrent. C’est le message qu’ont livré à Montréal des représentantes et représentants de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), dont trois conseils centraux concernés par cette situation, soit celui de la Côte-Nord (CCCN–CSN), celui de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (CCGIM–CSN) et celui du Bas-Saint-Laurent (CCBSL–CSN).

« Il est carrément inacceptable que des travailleurs et des travailleuses soient aspirés dans une spirale de pauvreté et d’endettement parce que le régime d’assurance-emploi, pour lequel ils cotisent, est établi sur des bases qui ne tiennent pas compte de la réalité du travail saisonnier, indique Jacques Létourneau, président de la CSN. Le gouvernement Trudeau doit régler ce problème une bonne fois pour toutes. »

Le « trou noir » de l’assurance-emploi désigne la période, parfois longue de plusieurs semaines, où les chômeurs et chômeuses perdent leur couverture en raison des règles de calcul dans les différentes régions. Ce problème récurrent affecte particulièrement les travailleuses et travailleurs saisonniers des secteurs des pêches, de la forêt, du tourisme et de la construction. Des milliers de salarié-es se voient ainsi privés de revenus alors qu’ils sont dépendants du rythme des saisons.

Au cours des dernières semaines, les conseils centraux de la CSN de l’est du Québec, en partenariat avec différents regroupements de chômeurs et de chômeuses, ont multiplié les pressions sur le gouvernement. Le 12 janvier dernier, des militantes et militants du Conseil central Côte-Nord–CSN, ont occupé durant plus de 30 heures les bureaux du ministre Duclos. Puis, le 12 février, s’est joint le Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine–CSN pour une série d’occupations simultanées dans cinq centres de Service Canada de l’est du Québec.

« Notre région vit au rythme du travail saisonnier, les victimes du “trou noir”, ce sont des membres de nos familles, nos amis, nos voisins, c’est pour eux qu’on se mobilise », explique Guillaume Tremblay, président du CCCN–CSN. De son côté, Anatole Chiasson, président du CCGIM–CSN explique « qu’il n’y a pas une journée qui passe sans qu’on rencontre des personnes touchées ou à la veille de l’être. Tout le monde se demande quand le gouvernement va réagir. » Même son de cloche chez Nancy Legendre, présidente du CCBSL–CSN : « Les personnes qui perdent leurs prestations nous interpellent, ne sachant ni vers quoi ni vers qui se tourner, et dans plusieurs cas, ce sera vers le crédit. Ça ne peut plus durer. »

Bien que plaidant pour une solution durable, la CSN rappelle qu’il faut impérativement mettre en place sans délai des mesures d’urgence. « Les sans-emploi ont besoin d’une action forte et immédiate de la part du gouvernement fédéral. C’est maintenant qu’ils éprouvent des difficultés et c’est maintenant qu’ils doivent recevoir l’aide qui leur permettra de passer au travers d’ici la reprise du travail », affirme Jean Lacharité, vice-président de la CSN.


Le « trou noir » en chiffre

Le nombre d’heures minimal pour avoir accès à l’assurance-emploi et le nombre minimal de semaines de prestations sont calculés selon le taux de chômage de la région concernée. Ainsi, dans la région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, où le taux de chômage est établi à 12,7 %, un prestataire doit avoir travaillé 455 heures pour recevoir un minimum de 24 semaines de prestations. Dans la région du Bas-Saint-Laurent–Côte-Nord, où le taux de chômage est à 5,9 %, ce sont 700 heures qui sont nécessaires pour obtenir 14 semaines de prestations. En moyenne, au Canada, la durée du « trou noir » s’élève à plus de six semaines.

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