Blogue de Jacques Létourneau
Les forces progressistes des quatre coins de la planète convergent aujourd’hui vers Montréal dans le cadre de l’ouverture du 13e Forum social mondial (FSM). Pour la CSN et les autres organisations québécoises, cet événement représente une occasion inespérée de proposer des solutions aux problèmes qui frappent les populations, tant ici qu’ailleurs dans le monde.
Au cours des prochains jours, des milliers de personnes souhaitant construire des options de rechange au modèle dominant débattront des grands enjeux du siècle dans plus de 1200 activités autogérées, dont 40 organisées par la CSN et ses organisations affiliées. Les discussions porteront, entre autres, sur les luttes syndicales, les effets des accords de libre-échange, le travail décent, la démilitarisation, les ravages de l’austérité, les paradis fiscaux, l’autodétermination des peuples, la privatisation des ressources, la crise des médias, l’accès à l’information, la montée de la xénophobie et de l’islamophobie, les changements climatiques, et la décolonisation.
Après Porto Alegre, Bombay, Caracas, Karachi, Bamako, Nairobi, Belém, Dakar et Tunis, la tenue du Forum social mondial à Montréal représente une première pour un pays du Nord. La décision a été longuement mûrie, en raison des difficultés d’obtention de visas pour les militantes et les militants du Sud devant qui les pays du Nord, et le Canada au premier chef, se dressent comme de véritables forteresses.
Nous dénonçons d’ailleurs avec plusieurs autres organisations nationales et internationales le refus d’octroi de visas à des centaines de personnes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
Manifestement, les obstacles ne sont pas que bureaucratiques, ils sont aussi politiques.
Des leçons à tirer
C’est une évidence, nous avons ici aussi besoin d’un espace comme le FSM. Les profonds dégâts du capitalisme néolibéral et les inégalités sociales qu’il cause ne connaissent pas de frontières, malgré des déclinaisons qui varient fortement d’un endroit à l’autre. Si nous souhaitons qu’un autre monde soit possible, il faut absolument que des changements s’opèrent dans le cercle des pays qui dominent la géopolitique mondiale, dont le Canada.
Le besoin de tisser des liens, de faire partager les expériences de résistance et de mobilisation entre mouvements et de développer des actions et campagnes communes est de plus en plus criant.
Au Québec, quelles leçons pouvons-nous tirer des luttes et des victoires des différents chapitres régionaux de Black Lives Matter ? De la lutte pour le salaire minimum à 15 $ l’heure aux États-Unis ? Que dire de la résilience des peuples palestiniens qui résistent quotidiennement à l’apartheid de l’État israélien et au blocus illégal de Gaza ? Quel appui le mouvement environnemental peut-il apporter aux travailleurs et aux travailleuses dans la lutte pour une transition écologique juste ? Comment pouvons-nous nous servir de la fuite historique des Panama Papers pour promouvoir une économie solidaire et plus de justice fiscale ? Quel portrait global dressons-nous des effets dévastateurs des politiques d’austérité et du démantèlement systématique des États ?
Pour les organisations d’ici, ce sera notamment l’occasion de partager les luttes menées contre les mesures d’austérité des gouvernements et l’incroyable travail d’éducation populaire qui a été réalisé au cours des deux dernières années.
Après 15 ans, le FSM demeure un espace de débats et de réflexions qui permet aux altermondialistes de tisser des liens essentiels et de définir des options de rechange au néolibéralisme et à son austérité dominante. Après les débats et les échanges, c’est aux groupes progressistes de la société civile, avec l’appui des partis politiques de gauche, de travailler ensemble pour bâtir ces sociétés plus justes, égalitaires, et solidaires.