Le secteur de l’hôtellerie de la Fédération du commerce (FC–CSN) se trouve au cœur d’une autre ronde de négociations coordonnées. Depuis 30 ans, les travailleuses et les travailleurs de ce secteur ont utilisé cette stratégie à neuf reprises et, encore une fois, cette approche permet l’atteinte des objectifs fixés par les syndicats. Pour arriver à ces résultats plus que convaincants, les syndicats et les équipes de travail coordonnent solidement leurs forces et leurs efforts.
Au moment d’écrire ces lignes, douze syndicats avaient conclu autant d’ententes de principe avec leurs employeurs respectifs : dans l’ordre des règlements, il s’agit du Marriott Château Champlain, du Ritz-Carlton, du Hilton Laval, du Quality Suites Pointe-Claire, du Lord Berri, du Delta de Québec, du Hilton de Québec, du Delta de Sherbrooke, du Quality de Sherbrooke et au Holiday Inn Laval Montréal, du
Les dix ententes de principe respectent en tous points les quatre éléments de la plateforme et c’est grâce à la mobilisation, au travail acharné et aux efforts communs que le secteur a réussi à atteindre ses objectifs.
Modèle de règlement très satisfaisant
Grâce à ces dix ententes, le modèle de règlement est plus que confirmé puisqu’il a été reconnu et accepté dans des établissements de différentes tailles. Celui-ci est d’une durée de quatre ans et prévoit des augmentations salariales de 3 % pour les trois premières années et de 4 % la dernière année, pour un total de 13 % sur quatre ans. Il inclut également une bonification des indemnités de vacances et une amélioration notable des indemnités de départ.
Même si plusieurs employeurs ont bien compris qu’ils pouvaient très bien poursuivre leurs activités et demeurer parfaitement rentables en acceptant un juste partage de leurs revenus avec leurs salarié-es, deux syndicats font actuellement face à un conflit. Ces deux conflits touchent l’Hôtel Classique de Québec et l’Hôtel Bonaventure de Montréal, qui ont le même propriétaire.
Grève générale illimitée à l’Hôtel Classique
Le mardi 20 septembre en après-midi, la directrice générale de l’Hôtel Classique a rencontré une dizaine de membres du syndicat pour leur annoncer que leurs tâches étaient désormais confiées à un sous-traitant. Face à ce geste de confrontation, les salarié-es ont décidé de débrayer et de convoquer une assemblée générale extraordinaire dès le lendemain matin. Lors de cette assemblée, ils ont décidé, à l’unanimité, de recourir à l’ultime moyen de pression en déclenchant la grève générale illimitée. Parallèlement à ce débrayage, la FC–CSN et la CSN ont déposé une requête d’ordonnance provisoire au Tribunal administratif du travail (TAT) visant à contrer cette manœuvre antisyndicale.
Sous-traitant de stratagème
Lors de l’audition du 23 septembre, la preuve déposée par l’employeur révélait que le sous-traitant, D. Prestige Hôtelier inc., avait été fondé une journée avant la manœuvre de la direction de l’Hôtel Classique.
Dans sa décision sévère à l’égard de l’employeur, rendue le jour même de l’audition, le juge Raymond Gagnon du TAT de Québec ordonnait à l’Hôtel Classique et à ses dirigeants de cesser « d’utiliser, dans les établissements où la grève a été déclarée, les services de personnes non autorisées à remplir les fonctions des salarié-es faisant partie de l’unité de négociation en grève. » En d’autres mots, de cesser de recourir à des briseurs de grève. Cette ordonnance provisoire touchait principalement des cadres embauchés après le début de la négociation, mais visait surtout la raison sociale D. Prestige Hôtelier inc., que le tribunal a reconnue à titre d’entité spécifiquement fondée pour contourner illégalement la loi interdisant les briseurs de grève.
Le message envoyé à l’employeur par le TAT est clair : les membres du syndicat revendiquent le respect du travail qu’elles et ils accomplissent chaque jour et le respect des lois et des règles en vigueur. Il faut dire que le propriétaire de l’Hôtel Classique, également propriétaire de l’Hôtel Bonaventure, est bien connu du milieu syndical pour ses pratiques douteuses et son antisyndicalisme. La CSN a été forcée de recourir aux tribunaux plus d’une fois afin de le rappeler à l’ordre. C’est donc avec une grande satisfaction que le secteur de l’hôtellerie a reçu la décision du TAT lui ordonnant de respecter les lois et les règles en vigueur en matière de relations de travail.
Lock-out au Bonaventure
Après une grève de 36 heures qui a débuté le samedi 24 septembre à 9 h, le dimanche, en début de soirée, le propriétaire décidait d’imposer un lock-out aux travailleuses et aux travailleurs de l’Hôtel Bonaventure. Le lendemain, les membres du syndicat votaient en faveur de la grève générale illimitée à 97 % afin de bien signifier à leur employeur qu’ils ne reviendront au travail que lorsque leurs demandes seront satisfaites. Au même moment, le ministère du Travail rendait public un rapport d’enquête qui révélait que l’employeur avait eu recours à 14 briseurs de grève durant un arrêt de travail, le 16 septembre dernier.
La malveillance de cet employeur semble sans bornes. Au moment d’écrire ces lignes, celui-ci pourrait bien faire face à des accusations d’outrage au tribunal puisque, malgré l’ordonnance provisoire lui interdisant de recourir à des briseurs de grève, les membres d’un des deux syndicats en conflit ont constaté et documenté la présence d’individus ciblés par le jugement, ce qui constitue une nouvelle infraction au Code du travail.
Requête insultante
Dans le cas de l’Hôtel Classique, les procédures sont loin d’être terminées. Le mardi 27 septembre, alors que le TAT devait entendre l’audition sur le fond de la question des briseurs de grève dans cet hôtel, le juge a plutôt reconduit l’ordonnance provisoire contre l’employeur jusqu’au 27 octobre, date de la prochaine audition portant sur l’ordonnance permanente. Au lieu de trancher le sort de l’ordonnance permanente réclamée contre le Classique, le juge a dû prendre connaissance d’une nouvelle requête déposée par l’employeur la veille de l’audition, à 21 h 30.
Insultante pour le syndicat, cette demande permettrait à l’employeur de céder les droits de gérance de plus d’une trentaine de salarié-es syndiqués à l’entreprise fondée le 19 septembre dernier, entité identifiée à titre de subterfuge afin de contourner les dispositions anti-briseurs de grève. Puisque le juge n’avait pas pris connaissance de cette nouvelle requête, il a tout simplement reconduit pour un autre mois l’ordonnance provisoire prononcée le 23 septembre.
La lutte se poursuit
Michel Valiquette, trésorier de la Fédération du commerce (FC–CSN) et responsable politique du secteur du tourisme de la fédération, est catégorique : « Que le propriétaire du Classique et du Bonaventure se le tienne pour dit, les manœuvres antisyndicales et irrespectueuses qu’il déploie seront combattues et dénoncées sur la place publique jusqu’à ce que les travailleuses et les travailleurs qui l’enrichissent chaque jour obtiennent leur juste part de cette richesse. Que ce soit à Québec, en Estrie ou à Montréal, la Fédération du commerce et la CSN feront tout en leur pouvoir pour que les 25 hôtels qui participent à cette neuvième ronde de négociations coordonnées atteignent leurs objectifs à l’image des dix syndicats qui l’ont déjà fait. »
- Marriott Château Champlain, 7 septembre
- Ritz-Carlton, 9 septembre
- Hilton Laval, 14 septembre
- Quality Suites Pointe-Claire, 16 septembre
- Lord Berri, 20 septembre
- Delta de Québec, 21 septembre
- Hilton de Québec, 23 septembre
- Delta de Sherbrooke, 23 septembre
- Quality de Sherbrooke, 26 septembre
- Holiday Inn Laval Montréal, 1er octobre
Deux autres syndicats ont signé des ententes depuis l’impression du Perspectives : l’Hôtel Bonaventure et Comfort Suites Downtown.