Plus d’une vingtaine de paramédics ont récemment quitté leur emploi chez Ambulances Demers ou sont en voie de le faire, dans les secteurs de Saint-Jean-sur-Richelieu, Farnham, Hemmingford et Napierville. De nombreux facteurs sont en cause, pour la plupart directement liés à la mauvaise gestion de l’entreprise.
Les paramédics tirent encore une fois la sonnette d’alarme : si rien ne change, l’entreprise Ambulances Demers ne sera bientôt plus en mesure d’assurer l’intégralité des services préhospitaliers d’urgence sur le territoire dans des délais appropriés.
« Ça fait des années qu’on tente par tous les moyens de convaincre Ambulances Demers qu’il faut assainir le climat de travail, qu’il faut mettre en place des solutions pour éviter que les paramédics quittent leur emploi, déplore le président du syndicat, Gaétan Dutil. Malheureusement, force est de constater que l’employeur ne veut pas nous entendre. En choisissant de ne rien faire pour assainir ce climat pourri dans nos milieux de travail, l’entreprise se retrouve aujourd’hui avec d’importants problèmes de main-d’œuvre et, finalement, c’est notre capacité d’assurer les services à la population qui est remise en cause. Nous pensons que toute la population doit savoir que l’élastique est présentement étiré au maximum. Nous n’avons plus aucune marge de manœuvre pour faire face aux imprévus. »
Plusieurs facteurs ont mené à la situation actuelle. D’abord, les conditions de travail difficiles, incluant des surcharges de travail, la pression psychologique ou encore des heures supplémentaires obligatoires, jouent certainement un rôle dans la décision de nombreux paramédics de quitter l’entreprise , voire le secteur préhospitalier. Ajoutons à cela les problèmes liés à la pénurie de personnel et la fatigue post-pandémie.
Certaines de ces conditions difficiles sont inhérentes à la profession. Par exemple, il est normal que les paramédics soient forcés d’effectuer des heures supplémentaires lorsqu’ils transportent un patient au moment de la fin prévue de leur quart de travail. Ce qu’ils déplorent, c’est que le recours aux heures supplémentaires est devenu systématique, une pratique de gestion.
Par ailleurs, les relations de travail sont de plus en plus difficiles et conflictuelles. Depuis longtemps, les paramédics ressentent un manque de soutien de la part de la direction et ils travaillent constamment sous la crainte de mesures disciplinaires. Le syndicat se bute au manque de volonté de l’employeur pour trouver des solutions aux problèmes de santé et de sécurité du travail ou encore pour assurer la rétention du personnel.
En plus de tout cela, s’ajoutent les négociations pour le renouvellement des conventions collectives qui traînent en longueur. Les contrats de travail sont échus depuis plus de deux ans. Rappelons que les salaires sont financés en grande partie par le gouvernement. Or, contrairement à d’autres employeurs qui font preuve d’une certaine souplesse à l’égard des moyens de pression exercés par les paramédics pour obtenir un règlement satisfaisant avec le gouvernement, l’entreprise Ambulances Demers tente de miner la solidarité et le moral des paramédics pour amoindrir les effets des moyens de pression qu’ils exercent. Les jeunes paramédics ne voient plus de raison de venir travailler pour Ambulances Demers et trop d’employé-es d’expérience désabusés sont en réflexion ou ont décidé de quitter l’entreprise.
« Comme tous les paramédics nous dénonçons le manque de reconnaissance du gouvernement à notre égard. Ses représentants font la preuve chaque jour qu’ils ne connaissent pas notre travail, notre réalité, poursuit Gatéan Dutil. Mais c’est encore bien plus choquant de voir que notre propre employeur prend fait et cause pour le gouvernement dans ce conflit alors qu’on se bat pour avoir de meilleures conditions de travail, mais aussi de meilleurs outils pour servir la population. Dans ces circonstances, nos membres, les jeunes comme les plus anciens, sont de plus en plus nombreux à envisager un changement de carrière. Qui les blâmera, alors qu’ils auront de bien meilleurs salaires et de meilleures conditions dans d’autres emplois de l’urgence qu’ils côtoient au quotidien ? Ambulances Demers doit vraiment se poser de sérieuses questions sur les agissements de ses gestionnaires. »