Photo : Francis Giraldeau

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Militer sur quatre fronts

Cumuler l’enseignement à distance, le travail d’infirmière, la vie syndicale et la vie familiale en pleine crise de COVID-19 est la réalité quotidienne de Natacha Chénier, enseignante au Cégep de Joliette.

Même virtuellement, trouver un moment pour la « rencontrer » afin de rédiger ce papier n’a pas été facile. Natacha explique : « Je fais un quart de nuit à l’hôpital aux soins intensifs. À mon retour de travail cette nuit, je devrai participer à une assemblée générale syndicale virtuelle avec l’équipe de l’exécutif visant à répondre aux nombreuses questions des enseignants; je dois aussi finir de monter mon cours en ligne pour lundi. » Natacha fêtait également les dix ans de l’un de ses enfants cette même semaine, à travers une série de réunions syndicales. Une autre illustration qui montre bien à quel point le travail à la maison est loin d’être une aventure paisible.

« On n’est qu’au début, on tient le coup tout le monde »
La pandémie vient évidemment bouleverser tous nos milieux de vie. Celui de Natacha l’a été d’autant plus qu’elle porte plusieurs chapeaux. Elle le précise d’emblée et à maintes reprises durant cet entretien : « Le constat que je fais, c’est qu’il y a un énorme travail d’équipe. Vous mettez ma situation en lumière, mais je veux souligner la contribution des autres : les collègues de travail, l’exécutif syndical, mon conjoint et les collègues à l’hôpital. »

« Après mes journées, je vais travailler les nuits à l’hôpital. On ne peut pas faire autrement que d’aller aider le milieu. On est appelé à prêter main-forte. »
Et parlant d’hôpital, elle aimerait, si elle le pouvait, y amener des gens pour qu’ils voient ce qui s’y passe. « La réalité, on l’a dans la face. Tout a changé. Il y a des cloisons partout, des systèmes de pression négative partout. D’habitude, aux soins intensifs, tous les patients ont une histoire et un combat qui leur sont propres. Là, ils sont tous pris avec le même mal, avec la même symptomatologie, c’est vraiment particulier. »

Sans oublier le fait qu’il existe d’autres patients dont l’état critique tient tout autant à cœur le personnel médical. L’unité des soins intensifs est réservée aux cas de COVID-19 présumés ou confirmés. Les autres patients qui ont besoin de soins critiques sont relocalisés ailleurs dans l’hôpital afin de favoriser des soins sécuritaires.

Comme prof, elle mentionne qu’enseigner en ligne est un défi dont les apparences sont trompeuses. Se mettant à la place de certains de ses collègues, elle estime, par exemple, qu’il n’est pas évident de donner des cours de théâtre sur Zoom. Même chose pour les cours qui visent à développer des compétences techniques ; c’est un énorme défi.

Elle sent aussi énormément de stress et d’anxiété de la part de ses étudiantes. Plusieurs d’entre elles devront compléter sous peu leur examen pour rejoindre l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ). « Plusieurs sont parents, préposées aux bénéficiaires, infirmières auxiliaires ; elles sont débordées, elles ont les deux mains dedans. Tu ne peux pas vraiment t’absenter et être fatiguée en ce moment. Alors, ajouter des cours au-dessus de tout cela… »

Les profs ont aussi dû s’approprier en un très court délai des méthodes pédagogiques qui sont compliquées à mettre en place, même en l’absence de crise sanitaire.

Il n’est pas question de lâcher
L’espoir se crée par la solidarité. C’est pour cette raison que Natacha Chénier a suggéré, lors de sa dernière assemblée syndicale, que tout le monde ouvre sa caméra en même temps. « Il s’est passé quelque chose de super beau. On était en assemblée générale avec 130 personnes. Tout le monde a ouvert sa caméra en même temps et on a vu qu’on était tous dans le même bateau. La COVID-19, c’est de voir des enfants sur nos genoux, entendre crier Maman j’ai faim ! »

Même si elle nous rappelle que nous ne sommes qu’au début de la crise, elle croit que c’est avec l’entraide et la solidarité que nous passerons au travers.

« Bravo à tous ceux et celles qui prennent la relève. L’entraide qu’on vit à l’hôpital, au comité exécutif syndical, les conjoints et les conjointes à la maison, avec les collègues profs qui prennent tous la relève, ça n’a pas de prix. Malgré tout, il se passe quelque chose d’humainement intéressant là-dedans : l’entraide et le support des gens qui nous entourent prend tout son sens ! »

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