Pour promouvoir sa circulaire en ligne, Maxi et son porte-parole laissent entendre que l’on « coupe des arbres » pour faire des circulaires en papier. Or, ce n’est pas la réalité.
En effet, pour faire du papier au Québec, on utilise des copeaux qui proviennent du sciage du bois d’œuvre. « Cette utilisation des copeaux est écologique, d’autant plus qu’il n’y a pas encore d’options suffisantes pour les réutiliser à une autre fin. On va continuer à construire des maisons avec du bois et ça va continuer de générer des millions de tonnes de copeaux », insiste Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN).
Celui-ci s’attriste par ailleurs de voir que l’humoriste Martin Matte profite de sa tribune à l’émission Tout le monde en parle pour passer un message inexact. La FIM–CSN invite donc Martin Matte et Guy A. Lepage à visiter une scierie et une papetière pour se rendre compte de la complémentarité de ces deux industries et du respect par l’industrie forestière de normes qui assurent le renouvellement de la forêt, le respect des ententes avec les Premières Nations et de mesures pour préserver les espèces animales menacées. La forêt en croissance permet en plus de capter du gaz carbonique dans l’atmosphère. Pour avoir l’autre côté de la médaille, Tout le monde en parle pourrait aussi inviter le président de la FIM–CSN.
La FIM–CSN a déjà interpellé le gouvernement à plus d’une reprise pour qu’il appuie la transformation de l’industrie forestière afin que l’on trouve un autre débouché d’envergure pour les copeaux, à mesure que l’utilisation du papier pour les imprimeries diminue. Accélérer le déclin du papier imprimé en faisant mal paraître une industrie risque de nuire à plusieurs travailleuses et travailleurs et de créer un problème d’écoulement des copeaux qui deviendraient alors un simple déchet plutôt qu’une ressource renouvelable. « On parle beaucoup de relance verte à Québec et à Ottawa, mais il y a peu de projets concrets pour le moment. À ce rythme, ça va prendre encore des années pour trouver une nouvelle utilisation pour l’ensemble des copeaux », précise Louis Bégin.
Deux poids, deux mesures
La FIM–CSN souligne par ailleurs que notre industrie du papier est soumise aux règles les plus strictes au monde, tandis que celle de l’électronique est peu encadrée. Les serveurs informatiques utilisés sont bien souvent alimentés par de l’électricité produite par de l’énergie fossile. C’est le cas en Ontario où se trouvent les bureaux de Loblaws (Maxi). L’extraction de terres rares pour les appareils électroniques ne se fait pas toujours dans le respect de l’environnement non plus. D’un autre côté, les usines de papier du Québec fonctionnent à l’hydroélectricité, la forêt se renouvelle et le papier peut être recyclé jusqu’à sept fois.
Économies à prouver
Il n’est pas du tout certain qu’il y aura des économies pour les clients de Maxi avec la fin de la circulaire. Rien n’est moins certain, estime aussi Louis Bégin. « La fin des sacs de plastique gratuits n’a pas entraîné une baisse du prix du panier d’épicerie, il est très probable que ce sera le même scénario cette fois-ci », conclut-il. Le prix du panier d’épicerie est d’ailleurs en augmentation depuis le début de la pandémie et il progresse plus vite que l’inflation.
Maxi avait déjà tenté de mettre fin à sa circulaire papier en 1996, mais la bannière s’était ravisée. Encore aujourd’hui, la circulaire est distribuée à certains endroits.
À propos
La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) rassemble près de 30 000 travailleuses et travailleurs réunis au sein de 320 syndicats, partout au Québec. Elle est notamment présente dans le secteur des scieries et des papetières.