« M. Legault nous a conviés, encore aujourd’hui, à une autre déplorable opération médiatique aux dépens des travailleuses et des travailleurs des services publics. Depuis plus de 18 mois, nous sommes présents aux tables de négociation et on nous sert encore le même message, la même offre. Notre patience aussi a ses limites. » C’est le constat que fait la CSN au sortir de la rencontre qui s’est tenue cet après-midi, à Montréal, entre les organisations syndicales et le premier ministre du Québec.
La CSN, qui représente 160 000 travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux, celui de l’éducation et des organismes gouvernementaux, déplore l’entêtement du gouvernement qui refuse toujours de bonifier ses offres pour répondre aux besoins réels des réseaux. « Ce qui est sur la table présentement, on l’a déjà rejeté, deux fois plutôt qu’une. Si M. Legault veut que les choses aillent plus vite, c’est très simple, il suffit que l’argent et les mandats soient au rendez-vous pour améliorer les salaires et les conditions de travail », lance Caroline Senneville, 1re vice-présidente de la CSN.
L’organisation syndicale affirme que les travailleuses et les travailleurs des réseaux ne sont pas dupes et qu’ils ne se laisseront pas berner par les beaux discours du gouvernement. « Sur les salaires, le premier ministre et la présidente du Conseil du trésor ont beau essayer de maquiller les chiffres, dans les faits, ce sont, encore et toujours depuis décembre 2019, les mêmes augmentations qu’ils proposent. Ce qu’il y a sur la table, ce n’est pas 8 % d’augmentation, mais plutôt des augmentations de salaire de 5 % sur 3 ans et des montants forfaitaires qui sont des mesures éphémères et qui n’améliorent pas les salaires », ajoute Mme Senneville.
Alors qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre et que la rémunération du personnel des services publics accuse un retard de plus de 9 % par rapport à l’ensemble des autres salarié-es du Québec, la vice-présidente de la CSN réitère qu’il faut poursuivre les négociations pour mettre en place des mesures pérennes. « Si on veut réussir à régler les graves problèmes d’attraction et de rétention qui frappent tous les secteurs et qui plombent les services publics, il n’y a pas 36 000 solutions : ça prend de meilleurs salaires pour toutes et tous et des investissements significatifs pour améliorer les conditions de travail. »
En attendant que le gouvernement montre qu’il est prêt lui aussi à négocier, il est clair pour la CSN que la mobilisation se poursuit. La centrale syndicale consulte actuellement ses membres sur un mandat de grève à exercer au cours des prochaines semaines, si le gouvernement reste campé sur ses positions. « Les mandats de grève s’accumulent, tant en santé et services sociaux qu’en éducation et dans les organismes gouvernementaux; nous en sommes déjà à plus de 100 syndicats dont les membres ont voté pour la grève. Nous avons d’ailleurs annoncé jeudi dernier que les 15 000 enseignantes et enseignants de cégep affiliés à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) débrayeront du 11 au 13 mai, si le gouvernement continue à faire la sourde oreille », ajoute Mme Senneville.
La CSN a tenu à conclure avec une mise en garde pour le premier ministre : « un règlement rapide passe par une réelle volonté du gouvernement d’améliorer les services à la population, à défaut de quoi, il y aura d’autres mouvements de grève, dans plusieurs secteurs. Ça ne peut plus continuer comme ça. Nous allons agir pour toutes les Québécoises et tous les Québécois, pour qu’ils aient accès aux services auxquels ils ont droit. »