Fermée illégalement depuis 2007

L’usine Olymel de Saint-Simon condamnée à verser jusqu’à 14 millions de $ à ses ex-travailleurs

L’usine de découpe de porc de Saint-Simon, en Montérégie, a été illégalement fermée en avril 2007 malgré des dispositions contraires de la convention collective alors en vigueur, jetant à la rue un peu plus de 400 travailleurs. En conséquence, un tribunal d’arbitrage condamne Olymel à leur verser une compensation qui pourrait atteindre près de 14 millions de dollars en salaires et avantages sociaux perdus, incluant les intérêts. Voilà l’essentiel d’une décision rendue le 20 août, après plus de sept ans de démarches juridiques menées par le Syndicat des travailleurs d’Olympia (CSN) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Pour Michel Daigle, président du syndicat et aujourd’hui vice-président du Conseil central de la Montérégie (CCM-CSN) pour la région de Saint-Hyacinthe, cette décision constitue un véritable baume pour les travailleurs qui ont vu leurs droits être bafoués : « On est très heureux de ce dénouement attendu depuis des années, qui va permettre à tous les travailleurs de recouvrer, enfin, une partie de leur dignité. Ce résultat est d’autant plus appréciable qu’il est le fruit de notre volonté de nous faire respecter, mais aussi de l’appui déployé par la CSN et ses organisations affiliées pour obtenir le rétablissement de nos droits de travailleurs. »

Rappel des faits

En 2006, Olymel a tenté de fermer illégalement l’usine, en dépit de dispositions de la convention collective lui interdisant de mettre fin à ses opérations jusqu’à l’échéance du contrat de travail à l’automne 2007. En juin 2006, un premier arbitre, Jean-Pierre Tremblay, a été saisi d’un grief et a ordonné à l’entreprise de maintenir ses activités, une décision confirmée par la Cour supérieure, le 23 avril 2007. Malgré tout, l’employeur a procédé à la fermeture de l’usine, le 20 avril 2007, d’où le dépôt de plusieurs griefs à l’origine de la récente décision. Ainsi, l’arbitre Claude H. Foisy, constatant ces violations flagrantes, ordonne à Olymel de verser les salaires et les avantages perdus par les 406 travailleurs de Saint-Simon pour la période du 20 avril au 16 octobre 2007, soit un peu au-delà de l’échéance de la convention. Dès le lendemain 17 octobre, Olymel a mis ses travailleurs en lockout. Depuis, l’usine est fermée. Selon Serge Fournier, président de la Fédération du commerce (FC-CSN) : « Avec toutes les décisions rendues ces dernières années, dont la récente sentence de l’arbitre Claude H. Foisy, Olymel doit maintenant en prendre acte et verser sans délai les sommes dues aux travailleurs lésés. Ces derniers ont largement subi les conséquences des décisions irresponsables de l’entreprise. Il est maintenant temps de tourner la page. » Pour Jacques Létourneau, président de la CSN : « Cette décision arbitrale vient confirmer le rôle pertinent des syndicats alors que, aujourd’hui encore, des employeurs et même certains gouvernements cherchent à imposer leurs diktats aux travailleuses et aux travailleurs, sans respecter leurs obligations ni les contrats de travail qui ont été dûment négociés et signés. Ce verdict vient surtout rappeler qu’on ne peut impunément contourner des droits sans qu’un jour ou l’autre, il y ait un prix à payer. Nous sommes fiers d’avoir soutenu ces travailleurs pendant toutes ces années. Je leur dis bravo pour leur ténacité et leur victoire! »

Une lutte constante pour le respect des droits
Au fil des ans, la CSN a remporté plusieurs batailles juridiques d’importance. En janvier 2014, 130 syndiqué-es injustement congédiés par le CRDITED de Montréal ont pu, pour la plupart, réintégrer leur emploi, non sans une compensation totalisant près de quatre millions de dollars. En 2013, après de nombreuses démarches, les ex-syndiqué-es CSN de Celanese de Drummondville ont recouvré une somme de près de huit millions que l’employeur avait détournés de leur caisse de retraite lors de la fermeture de l’usine en 2000. En 1999, après une longue saga judiciaire, la CSN a obtenu la réintégration de près de 150 travailleurs de Métro-Richelieu congédiés illégalement des années auparavant, en plus d’obtenir des compensations totalisant plus de 25 millions.

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