L’Université Laval recourt à la conciliation pour cacher son refus de négocier

Déception et colère. Tels sont les sentiments qui animent les membres du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL–CSN) à la suite du recours à la conciliation par l’employeur. Le 28 novembre dernier, le syndicat a pourtant déposé un projet de règlement juste et raisonnable susceptible de faire débloquer les négociations qui s’étirent depuis un an. En réponse, l’Université Laval a plutôt choisi de camoufler son obstination à ne pas négocier. « L’Université cherche à gagner du temps au lieu de négocier de bonne foi avec les personnes chargées de cours. Nous ne sommes pas dupes, c’est littéralement un refus de négocier. Le même stratagème a d’ailleurs été utilisé en 2012 et 2018 par l’Université », s’insurge Louis Emond, président du SCCCUL–CSN.

En effet, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale doit désormais trouver et nommer un conciliateur. Cette personne devra prendre connaissance du dossier avant d’entreprendre le processus formel de conciliation. La poursuite de la négociation sera donc inévitablement retardée à l’hiver 2024. « L’employeur se montre une fois de plus incapable de répondre au comité de négociation syndical et souligne à grand trait son incapacité de proposer des solutions aux problèmes qui sont connus de tous, et que lui-même reconnaît », déplore Louis Emond.

Hiver chaud et grève à venir ?  

Le 22 novembre dernier, lors d’une assemblée à la participation historique, 93 % des membres ont voté pour une banque de dix jours de grève à déclencher au moment jugé opportun. La conciliation n’a pas pour effet de suspendre l’exercice démocratique du droit de grève, toujours possible.

« La FNEEQ–CSN partage l’indignation des membres du SCCCUL–CSN qui, rappelons-le, donnent environ la moitié des cours au premier cycle. L’Université préfère maintenir dans la précarité ses piliers de l’enseignement alors que son succès dépend pourtant de leur contribution inestimable auprès de la population étudiante », rappelle Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), responsable du regroupement université. La Fédération représente douze syndicats universitaires au Québec et près de 11 000 personnes chargées de cours, toutes solidaires du combat de leurs collègues de l’Université Laval.

« Les personnes chargées de cours tentent de négocier depuis décembre 2022 avec l’employeur alors que celui-ci se défile et reporte les rencontres de négo. C’est honteux pour une université qui doit prôner les valeurs de démocratie et de collégialité en plus d’être une institution cruciale pour la vitalité de la région de la Capitale nationale », regrette Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN).

Deux principales demandes des chargé-es de cours de l’Université Laval

  • Diminuer la précarité (l’Université veut cesser d’attribuer l’ensemble des tâches liées à l’enseignement en fonction de l’ancienneté et de la compétence).
  • Protéger le pouvoir d’achat (l’Université offre moins que ce qui a été offert aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public).

 

À propos  

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN parle au nom de 80 % des chargées et chargés de cours des universités québécoises (11 000 membres). Elle regroupe quelque 35 000 membres dans 46 cégeps, 43 établissements privés et 12 universités.

Le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN) regroupe quelque 240 syndicats et 45 000 membres dans les secteurs public et privé.

Fondé en 1987, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL–CSN) représente 1700 membres.

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