Le 24 mars dernier, à 18 h, le plus gros employeur privé de Gaspé, LM Wind Power, a dû cesser ses opérations en raison du resserrement des mesures imposées par Québec pour limiter la propagation du coronavirus. Du jour au lendemain, ce sont plus de 400 travailleuses et travailleurs de cette usine gaspésienne de pales d’éoliennes qui se sont retrouvés au chômage.
« C’est sûr qu’au moment de l’annonce de la fermeture, ça n’a pas été facile, avoue Marko Collin, le président par intérim du syndicat. On ne savait pas exactement combien de temps on allait devoir rester sans emploi. Au début, on nous avait dit que l’usine resterait fermée jusqu’au 13 avril, mais l’échéance de réouverture pouvait être repoussée en fonction de l’évolution de la pandémie. »
Heureusement, la période de pause n’aura duré que quelques jours, puisque l’usine a pu rapidement reprendre ses activités étant donné que la production d’énergie éolienne renouvelable a finalement été reconnue comme service prioritaire essentiel. C’est alors que l’entreprise a recontacté ses employé-es pour un retour au travail sur une base volontaire. Près de 230 travailleuses et travailleurs ont ainsi répondu à l’appel.
« C’est certain que dans le contexte de la COVID, on appréhendait un peu le retour au travail. Tout était nouveau. Il fallait adapter le milieu de travail pour se conformer aux directives de santé publique. Mais les mesures mises en place en matière de santé et de sécurité ont été vraiment impressionnantes. Tout le monde a bien collaboré. Je pense même qu’on a été à l’avant-garde », poursuit M. Collin.
C’est ainsi que des corridors de circulation à sens unique ont été installés au sein de l’usine, avec des zones clairement identifiées d’allées et venues pour éviter que les travailleurs se rencontrent. Des salles de réunion ont également été aménagées exceptionnellement en salles de pause, avec des rubans et des autocollants au sol pour marquer les règles de distanciation sociale, et des compartiments délimités avec des plexiglas pour permettre aux employé-es de manger de manière sécuritaire et isolée.
En plus de ces mesures, des stations de nettoyage des masques de type « racal » (respirateurs d’épuration d’air propulsé empêchant la poussière et la fibre de verre de pénétrer à l’intérieur du masque) ont été installées, et des dizaines d’éviers supplémentaires ont été placés pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs de bien se laver et se désinfecter les mains.
« Tout a vraiment été repensé de manière à ce que le milieu de travail soit sécuritaire pour tout le monde. Comme syndicat, nous avons demandé à nos membres de nous faire part de leurs idées si jamais ils voyaient des mesures qui pouvaient être améliorées. Un exemple en ce sens, qui peut paraître anodin à première vue, mais qui s’est avéré fort utile, a été de retirer les couvercles à bascule des poubelles pour limiter les contacts », ajoute M. Collin.
Un autre exemple d’adaptation du milieu qui a dû être effectué à mesure que les travailleurs retournaient au travail concerne les stations de poinçon électronique (punch) : celles-ci étaient devenues trop achalandées lors des changements de quart de travail pour respecter les mesures de distanciation sociale. À la demande du comité paritaire de santé et de sécurité au travail, trois groupes distincts en fonction des heures d’arrivée et de sortie ont été créés en distançant l’heure de début des quarts de travail de 15 minutes, ce qui éliminait la congestion aux heures de pointe. Des agents de sécurité ont également été embauchés afin de faire respecter ces nouvelles règles.
« Heureusement, poursuit M. Collin, depuis le début de la COVID, on peut compter sur le vice-président et agent de griefs de notre syndicat, Jean-Éric Cloutier, ainsi que sur notre trésorier, Denis Giroux, qui est également agent en santé et sécurité au travail, pour s’assurer que les mesures sanitaires sont respectées en tout temps. Leur présence quotidienne à l’usine a été très bénéfique, surtout pour répondre aux inquiétudes des travailleuses et des travailleurs sur
place. »
Depuis la réouverture complète de l’entreprise, le 11 mai dernier, des mesures de protection additionnelles ont été mises en place et de nouveaux équipements de protection respiratoire ont été mis à la disponibilité des employé-es de manière à pouvoir accueillir l’ensemble du personnel de l’usine de façon sécuritaire. « Règle générale, les mesures de sécurité ont été très bien accueillies et respectées par tout le monde, même si on a eu parfois un peu de difficulté à s’y habituer. Mais quand le vent tourne, il faut savoir s’adapter ! », de conclure M. Collin.