La FCMB est donc créée par des unions de métiers de Montréal, de Hull et de Trois-Rivières, qui rassemblent des menuisiers, des plombiers, des ferblantiers, des peintres, des charpentiers, des briqueteurs et des journaliers. Se joindront par la suite des unions de Québec, de Sherbrooke et d’autres régions. « Toutes ces organisations contribueront vivement à l’émergence de la CSN en joignant les rangs de la FCMB », souligne l’archiviste de la CSN, Marc Comby.
Fait intéressant à noter, dès le 3 novembre 1924, moins d’un mois après sa création, les délégués du bureau fédéral de la Fédération catholique des métiers du bâtiment dénoncent la compagnie Eddy Match de Hull et soutiennent la lutte des allumettières, qui deviendra historique.
L’ADN des luttes
« Avant même que la FCMB ne soit fondée, la question de la santé et de la sécurité sur les chantiers est au centre des préoccupations des unions », rappelle Marc Comby. Dès le 18 décembre 1925, le comité exécutif de la fédération propose la création d’une police d’assurance décès de 300 $ et d’une police d’assurance maladie de 5 $ par semaine, durant 10 semaines.
Lors du second congrès, des résolutions sont déposées afin de prévenir la transmission de maladies contagieuses sur les chantiers, de revoir la couverture de la loi des accidents de travail afin de prévoir une compensation financière dès le premier jour d’un événement et de demander au gouvernement provincial une inspection sanitaire obligatoire des installations de plomberie dans les villes de plus de 20 000 habitants. « Ces résolutions témoignaient déjà de l’engagement militant et social, qui était solidairement ancré dans les communautés des membres de la fédération », fait remarquer Pierre Brassard, président de la CSN–Construction.
Le 8 septembre 1929, les membres de la FCMB décident en congrès de mandater la fédération pour qu’elle voit avec le gouvernement à la mise en place d’un bureau préventif des accidents. Le vice-président de la CSN–Construction, Félix Ferland, rappelle que tout au long de son histoire et de concert avec la CSN, la fédération a milité pour que la prévention soit priorisée sur tous les chantiers du Québec. « Avec la récente loi 27, l’enjeu de la santé-sécurité au travail (SST) demeure au cœur des préoccupations sur les chantiers québécois », ajoute-t-il.
Autres luttes
La question des disparités salariales entre les grandes villes et les régions du Québec pousse la FCMB et la CTCC à militer dès 1934 en faveur de la Loi sur les décrets de convention collective qui rendra uniformes les conditions de travail dans plusieurs secteurs économiques, dont celui de la construction. Au début des années 1970, les travailleurs de la construction obtiennent la parité salariale. « Un clou de six pouces planté à Gaspé a autant de valeur qu’un clou planté à Montréal », disait un slogan de la CSN.
Au début des années 1960, les luttes pour la réduction du temps de travail font passer la semaine normale de travail de 54 à 44 heures en moyenne dans plusieurs régions et même à 40 heures à Montréal. Dès 1970, la reconnaissance de l’ancienneté par employeur et par région devient un autre cheval de bataille défendu par la fédération. Cette revendication demeure non réglée aujourd’hui – les employeurs ayant toujours combattu toute avancée à ce sujet – et sera au centre de plusieurs négociations en alliance syndicale.
Placement syndical
Puisque le placement faisait partie de la dynamique de la construction dès les années 1920, la défense de la sécurité d’emploi deviendra rapidement un enjeu majeur pour la CSN–Construction. Or, le placement syndical, dont le monopole sur les chantiers avait été donné aux organisations syndicales, est une lame à double tranchant qui menace justement la sécurité d’emploi.
Plusieurs propositions furent mises de l’avant par la CSN–Construction dans le but de régler ce problème en confiant le placement sur les chantiers à un organisme paragouvernemental indépendant, la Commission de la construction du Québec, par exemple. « L’argument central demeurait toujours le même : dans la mesure où le placement ne serait plus un enjeu de division syndicale, les organisations pourraient enfin se consacrer à leur rôle fondamental, soit celui de faire respecter les droits des travailleuses et des travailleurs », explique Pierre Brassard.
Rendez-vous avec son histoire
Au moment d’écrire ces lignes, la CSN–Construction prépare son 69e congrès qui marquera aussi le lancement de son 100e anniversaire. Longue vie à la CSN–Construction !