Le mot du président
Le nouveau gouvernement du Québec déposera dans quelques semaines son premier budget. François Legault aura donc une première véritable occasion de démontrer aux Québécoises et aux Québécois qu’ils ont eu raison de lui faire confiance en lui donnant les clés du pouvoir
La dernière mise à jour économique de son ministre des Finances nous a laissés sur notre faim. Au lieu d’amorcer un véritable réinvestissement dont nos services publics ont grandement besoin, Éric Girard n’a saupoudré que quelques allégements fiscaux pour des clientèles bien ciblées. Et ce, alors que le Québec nage littéralement dans des milliards de surplus budgétaires. Un dur contraste par rapport à « l’audace » annoncée par François Legault tout au long de la dernière campagne électorale.
Avec ce premier budget, l’occasion est donc belle pour le premier ministre de nous démontrer que l’éducation, la santé et l’économie figurent au sommet de l’échelle de ses priorités.
Pourtant, nous demeurons sceptiques devant les derniers signaux qu’il nous a envoyés. François Legault a reconnu avoir demandé aux différents ministères de compresser les dépenses ici et là afin de financer ses promesses électorales, plutôt que d’utiliser les milliards de surplus budgétaires pour répondre aux besoins de l’ensemble de la population. Bien sûr, il a répété plus d’une fois que ces compressions n’affecteraient en aucun cas les services à la population.
Nous avons déjà joué dans ce film. À maintes et maintes reprises.
Alors qu’il était dans l’opposition, François Legault ne ratait aucune occasion pour dénoncer l’impact réel des mesures d’austérité sur l’ensemble de la population. Tout bon comptable qu’il soit, il comprenait à quel point la stratégie budgétaire du « stop-and-go » entreprise par les libéraux était néfaste pour l’économie du Québec.
Le premier ministre admet lui-même avoir hérité d’un Québec en bonne santé financière. Il doit maintenant freiner la tentation de son ministre des Finances d’accélérer le remboursement de la dette. L’objectif de réduire le poids de celle-ci à 45 % du PIB sera atteint dès 2020, alors que l’objectif initial fixait l’horizon à 2025. Aucune raison d’appuyer sur l’accélérateur.
D’autant plus que le gouvernement devra combler les différents allégements fiscaux et de tarifs qu’il a annoncés, la taxe scolaire au premier chef. Uniformiser celle-ci dans l’ensemble des régions, c’est une chose. Mais l’idée de la réduire au plus bas dénominateur commun constitue néanmoins un dangereux nivellement par le bas. La réelle question réside dans la façon de combler ce manque à gagner de 900 millions de dollars pour nos commissions scolaires. Québec devra compenser à même son budget. Penser qu’on pourrait financer à coups de bouts de chandelle une telle somme en pigeant dans celles allouées au personnel de soutien, aux enseignantes et enseignants, aux professionnel-les et aux budgets de fonctionnement de nos écoles relèverait d’une utopie budgétaire mal avisée. En tout bon homme d’affaires qu’il soit, François Legault le sait trop bien.
Nous nous réjouissons de l’annonce du gouvernement quant à l’embauche de centaines de professionnel-les au sein du réseau de la santé et des services sociaux pour améliorer le dépistage de troubles d’apprentissage pour nos enfants. Néanmoins, après avoir été aussi malmenés par l’austérité budgétaire des libéraux, ce sont des pans entiers de nos services publics qui doivent également être renforcés.
Il est maintenant temps de parler des vraies affaires. De renforcer nos deux piliers que sont nos réseaux publics de santé et d’éducation afin que toutes et tous aient droit à l’égalité des chances et une meilleure qualité de vie. D’alléger la tâche de celles et ceux qui portent ces services publics à bout de bras en améliorant leurs conditions de travail et en embauchant le personnel nécessaire.
Le prochain budget du Québec constitue cette occasion en or. À François Legault d’en faire profiter l’ensemble de la population.