Ce midi, les membres du Syndicat des salariés des produits de céramique et autres – CSN (SSPCA-CSN) se sont réunis en assemblée générale afin de procéder à un vote supervisé par la Commission des relations du travail (CRT). Ce scrutin imposé par leur employeur, la multinationale Mapei, touchait aux dernières offres patronales. Vingt travailleurs ont donc accepté celles-ci par une majorité de 75 %. En grève depuis le 4 mai 2012, les travailleurs de l’usine de Laval étaient sans convention collective depuis le 13 décembre 2011.
« Le 19 novembre, le syndicat a reçu une ordonnance de la CRT nous obligeant à tenir un vote en présence de deux observateurs. Après de nombreux débats et plusieurs représentations, la Commission a retenu seulement 23 salarié-es pour ce vote. Jeudi dernier, ceux-ci ont reçu les documents afin de procéder à l’acceptation ou au rejet de la dernière offre patronale. L’exclusion du scrutin de la grande majorité des travailleurs toujours en grève qui sont touchés par cette offre a bien évidemment créé une importante division entre nous. En agissant de la sorte, la CRT a littéralement joué le jeu de l’employeur, ce que nous dénonçons vivement », de marteler Éric Caron, président du SSPCA-CSN.
En moins de deux ans, en plus de judiciariser à outrance le conflit, Mapei a procédé à deux licenciements massifs. Le 24 août 2012, il a fermé le département des poudres et licencié 43 membres du syndicat. Le 10 juin 2013, il fermait celui des adhésifs liquides, ce qui entraînait également la fermeture de l’embouteillage et une nouvelle mise à pied de 45 travailleurs. Après ces deux coups de force en plein conflit, il ne restait qu’environ 25 travailleurs dans l’usine sur les 115 présents au début du conflit. « Nous avons vécu un conflit de travail terriblement éprouvant, une grève qui a duré près de 19 mois. Durant tout ce temps, nous avons lutté pour le respect élémentaire de tous les travailleurs de Mapei. Ce nouvel épisode de mépris nous démontre encore que la direction de Mapei ne comprend pas qu’en entretenant de bons rapports avec ses travailleurs, elle s’assure une paix industrielle bonne pour tout le monde. Dès le début, même si la direction laissait entendre qu’elle voulait négocier, ce qu’elle voulait réellement, c’est se débarrasser de notre syndicat. Tout au long du conflit, nous avons vu le vrai visage de Mapei, celui d’un employeur totalement antisyndical, irresponsable et irrespectueux.
Aujourd’hui, les 20 travailleurs qui avaient le droit de vote ont décidé pour tous les autres de mettre fin à leur lutte. Nous respecterons cette décision, mais il est clair que plusieurs d’entre nous se sentent littéralement abandonnés par la CRT », de conclure monsieur Caron. Le SSPCA-CSN regroupait 115 membres de la Fédération de l’industrie manufacturière. Cette dernière compte plus de 30 000 travailleuses et travailleurs réunis au sein de 320 syndicats, partout au Québec.
Le Conseil central du Montréal métropolitain-CSN regroupe plus de 94 000 membres des secteurs public et privé, répartis au sein de 400 syndicats dans les régions de Montréal, de Laval et du Grand Nord. Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.