Négociations en santé et services sociaux

Les syndicats se préparent pour la grève cet automne, si nécessaire

Réunis à Québec à l’occasion d’un Conseil fédéral de négociations, les représentantes et représentants de plus de 200 syndicats du réseau public de santé et de services sociaux font le point, jusqu’à demain, sur l’état des négociations dans le réseau. Ils discutent notamment des moyens de pression à mettre en place, dont le recours possible à la grève si les pourparlers ne progressent pas de façon significative.

Ce midi, plus de 500 de ces délégué-es ont défilé autour de l’Assemblée nationale. Ils ont ensuite fait une pause devant le Conseil du trésor, arborant une immense bannière avec comme message : « Coiteux ne rend service à personne. NOUS, OUI ». Cette bannière géante sera d’ailleurs déployée au cours des prochaines heures à un endroit passant de la capitale nationale.

Les négociations piétinent

« Après une quinzaine de rencontres de négociation avec la partie patronale, nous ne pouvons que déplorer le fait que nos vis-à-vis tardent encore à nous donner l’heure juste quant à la finalité de leurs nombreuses demandes de recul aux conventions collectives, explique le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley. Il y a encore suffisamment d’espace pour en arriver à un règlement satisfaisant dans les prochains mois, notre comité de négociation étant pleinement disponible. Il en va toutefois de notre responsabilité syndicale de planifier dès maintenant le recours à des moyens de pression cet automne, si cela s’avérait nécessaire. »

C’est pourquoi la FSSS-CSN entame une consultation des assemblées générales de ses syndicats, à l’instar de toutes les organisations formant le Front commun, afin de préparer le recours éventuel à la grève. Une autre tournée des assemblées se tiendra dès la rentrée, en lien avec l’évolution des négociations, afin d’obtenir le mandat d’exercer une grève en Front commun cet automne. Notons qu’une douzaine de syndicats de la FSSS-CSN détiennent déjà un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, en Front commun. Ces mandats ont été obtenus à l’issue de vastes consultations par scrutin secret et référendum.

Les quatre priorités sectorielles de négociation de la FSSS-CSN sont de contrer la privatisation des soins et des services, d’améliorer la qualité de vie au travail, de compléter la révision de la nomenclature des emplois et de défendre les libertés syndicales. En outre, lundi, les délégué-es du conseil ont donné le mandat à leur comité de négociation élu de défendre quelques adaptations à la convention collective rendues nécessaires par l’adoption du projet de loi 10.

Mépris gouvernemental

Pour la vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Francine Lévesque, le gouvernement est méprisant à l’égard de ses 500 000 salarié-es. Elle rappelle que 52 % des salarié-es n’ont pas de poste à temps plein et gagnent un salaire annuel moyen de 28 000 $. La rente moyenne d’une personne retraitée est de 19 000 $ par année. « Le gouvernement nous offre l’appauvrissement, tout au long de la vie active et même jusqu’à la fin de nos jours. C’est inacceptable. Si le gouvernement cherche des moyens pour utiliser de façon plus optimale les sommes qu’il investit dans les réseaux, le Front commun est prêt à y travailler. Nous lui avons déjà proposé plusieurs pistes en ce sens. Mais nous ne cautionnerons jamais une approche qui aurait pour conséquence de dévaloriser davantage l’emploi dans le secteur public et d’accélérer l’exode vers la retraite. Un changement de cap s’impose. Le Front commun ne souhaite pas faire la grève. Nous souhaitons une entente négociée satisfaisante. Pour y arriver, il faudra nécessairement que le gouvernement soit aussi ouvert aux compromis que nous le sommes. »

Au niveau de la rémunération, le gouvernement souhaite en effet geler les salaires en 2015 et 2016 et les augmenter faiblement de 1 % par année en 2017, 2018 et 2019. Ces faibles hausses provoqueraient une perte importante de pouvoir d’achat pour les salarié-es face à l’inflation prévue à 2 % par année durant cette période. De plus, le retard de rémunération du secteur public québécois par rapport aux autres secteurs économiques, s’élevant à 7,6 % actuellement selon l’Institut de la statistique du Québec, doublerait durant cette période. De plus, le gouvernement veut réduire les prestations du régime de retraite et repousser de 60 à 62 ans l’âge de la retraite, et ce malgré l’excellente santé financière du RREGOP (capitalisé à plus de 98 %). De tels changements auraient par ailleurs comme conséquence de pousser des milliers de salarié-es vers une retraite anticipée, alors que le réseau de la santé et des services sociaux ne peut se permettre une telle saignée de l’expertise. Le gouvernement porte également d’autres demandes, par exemple, il veut mettre fin à la prime de 8 % que reçoivent les salarié-es de Sept-Îles et de Port-Cartier, mise en place pour combler les besoins de main-d’œuvre dans ces régions.

Un automne chaud ?

La présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CCQCA-CSN), Ann Gingras, a vécu de nombreuses rondes de négociation dans le secteur public. Celle-ci s’annonce particulièrement difficile. « On sent clairement que les travailleuses et les travailleurs n’ont pas l’intention de se laisser marcher sur la tête. Le gouvernement veut poursuivre ses politiques d’austérité aux tables de négociation alors que les salarié-es ont pourtant largement fait leur part depuis 20 ans, en tenant les réseaux à bout de bras avec, pour seule reconnaissance, une tape dans le dos. Alors que les cadres et les hauts dirigeants des sociétés d’État renouent avec les bonis, que les nouveaux DG des CISSS obtiennent des hausses de salaire substantielles, que même les député-es envisagent de rehausser sensiblement leurs salaires, il serait scandaleux que les employé-es de l’État s’appauvrissent encore. Cela n’est pas une fatalité. C’est une question de choix politiques. La CSN mettra tout en œuvre pour que le saccage de nos services publics cesse ».

À propos

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte près de 130 000 membres dans les secteurs public et privé, dont près de14 800 membres dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. La FSSS-CSN est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSS-CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire. Fondé en 1918, le Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches regroupe les syndicats CSN sur le territoire de la capitale nationale et de la région de Chaudière-Appalaches. Il représente 240 syndicats et plus de 45 000 membres dans tous les secteurs d’activités.

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