Prime de rétention

Les Nord-Côtiers ne se laisseront pas appauvrir

Dans le dépôt initial de ses demandes, le gouvernement réservait une mauvaise surprise aux quelque 3000 salarié-es des services publics de Sept-Îles et de Port-Cartier. En effet, on y trouve l’abolition de la prime de 8 % qui leur est versée depuis plus de 40 ans afin de rendre les salaires un peu plus intéressants dans une région qui dépend de l’industrie minière et où le coût de la vie est plus élevé qu’ailleurs au Québec.

Les syndicats de la région se sont mis en mode mobilisation. Le Front com­mun et le SPGQ ont joint leurs forces afin de rallier l’ensemble de la région contre cette volonté du Conseil du trésor. Des centaines de pancartes bleues, avec le message « Perdre 10 millions dans la région, c’est non », ont été installées partout dans la région. Dix millions, c’est le coût total de cette mesure d’attraction et de rétention. Un montant qui permet aux établissements de demeurer concurrentiels par rapport aux entreprises du secteur privé qui s’arrachent la relève, dès la sortie de l’école.

« Le secteur manufacturier, sur lequel repose notre économie régionale, connaît d’importantes difficultés, souligne le président du Conseil central Côte-Nord CSN, Guillaume Tremblay. Si, en plus, on coupe dans le secteur public, ça va faire extrêmement mal. Même le secteur commercial va en souffrir, car le montant de cette prime, déjà budgété dans le budget familial, retourne directement dans l’économie régionale par la consommation des ménages. » Jean-Pierre Porlier, président du Syndicat des employé-es de soutien du cégep de Sept-Îles (FEESP–CSN) poursuit : « 8 % en moins, ça veut dire plus de 3000 dollars en moins par année dans le budget familial. Plusieurs de nos membres forment une famille avec une autre personne qui travaille aussi dans les services publics. Ça commence à faire un méchant trou. » Guillaume Tremblay ajoute : « C’est carrément un appauvrissement supplémentaire pour nous car, comme tous les autres salarié-es de l’État, on se voit imposer un gel de salaire de deux ans et des augmentations bien en deçà de l’inflation. »

Un sondage mené récemment auprès de 2000 salarié-es démontre d’ailleurs que la moitié d’entre eux songeraient à quitter la région si la prime était retirée. La vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Gisèle Charrette, n’est pas étonnée. « C’est certain que plusieurs vont y penser. Le coût de la vie et pas mal plus élevé ici que, disons, à Québec. Le danger de voir s’aggraver la pénurie de main-d’œuvre est bien réel. »

D’ailleurs, les syndicats FSSS–CSN du réseau public ont réagi rapidement à cette nouvelle mesure d’austérité : en assemblée générale, ils se sont dotés de mandats de grève générale illimitée, en Front commun. Les syndicats CSN sont intervenus dans les instances de leur fédération respective afin de sensibiliser tous les salarié-es à leur situation. C’est ainsi que toutes les organisations de la CSN ont décidé de soutenir cette lutte et d’exiger du gouvernement le retrait de cette demande.

Consensus régional

Pour Guillaume Tremblay, le consensus régional ne fait aucun doute. Tout le milieu socioéconomique craint les impacts économiques du retrait de la prime. Il y a quelques mois, il a rencontré le ministre responsable de la région, Pierre Arcand. « Je lui ai exposé pourquoi la région s’élève en bloc contre une telle décision. Je crois qu’on a eu une bonne écoute de sa part même si rien ne nous permet de penser à ce moment-ci que le gouvernement va changer son fusil d’épaule. Je lui ai demandé pourquoi le gouvernement tenait tant à cette demande. Sa seule réponse a été la nécessité d’équilibrer le budget, et qu’il fallait toutes et tous se serrer la ceinture en ces moments difficiles. Mais on ne baissera pas les bras. La mobilisation est là. On ne lâchera pas. »

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