Ils sont une trentaine de travailleuses et de travailleurs qui, dans certains cas, œuvrent au Collège Stanislas depuis plus de 15 ans. Ils travaillent à l’entretien, à la maintenance, dans les laboratoires et à la sécurité. Les élèves les connaissent souvent par leur nom et ils se font un devoir de veiller à la réputation de ce prestigieux établissement. Malheureusement, au printemps 2017, la direction du collège exprime son souhait de recourir à la sous-traitance. La résistance s’organise.
Le Collège Stanislas est un établissement composé de deux campus, un à Montréal et un à Québec, qui offre aux élèves d’ici un programme pédagogique conforme à celui du ministère français de l’Éducation nationale. Le tout adapté au contexte québécois. Le collège reçoit au-delà d’un million de dollars en subvention des gouvernements québécois et français.
Affilié à la FEESP–CSN, le Syndicat des employé-es de soutien du Collège Stanislas a entamé au printemps la négociation de la convention collective qui arrivait à échéance le 30 juin 2017. « Dès le départ, nous nous doutions que cette négociation serait difficile. La présentation par l’employeur d’un “arbre de Noël” était un signe précurseur », explique le président du syndicat, Jean Lacoursière.
Demandes inacceptables
Devant la fermeture complète de l’employeur, le syndicat demande rapidement la conciliation. L’employeur transmet au syndicat son dépôt patronal qui se résume à des compressions se chiffrant à 465 000 $ et qui se décline en deux volets : des coupes dans les conditions de travail équivalant à 265 000 $ et l’abolition de quatre postes totalisant 200 000 $. Il exige aussi un gel salarial pour les deux premières années, et offre 1 % par année pour les trois années suivantes.
En plus des compressions annoncées, l’employeur veut transférer la presque totalité des salarié-es d’entretien et de maintenance vers un horaire de nuit, même s’ils ont toujours eu un horaire de jour et de soir. Il souhaite également imposer le retrait d’heures garanties pour certains employé-es réguliers, restreindre l’accessibilité aux assurances, signer la fin de l’uniforme fourni, abolir les primes de soir, etc. « À la première journée de négociation, l’employeur a laissé entendre qu’à défaut d’accéder à la presque totalité de ses demandes, il ira de l’avant avec la sous-traitance et licenciera la totalité des employé-es à l’échéance de la convention, et cela, malgré une disposition de la convention collective qui empêche cette pratique. C’est ce qu’on appelle nous mettre un couteau sous la gorge », note le président du syndicat.
Un collège rentable
Voulant faire la lumière sur les finances de l’établissement, pour entres autres savoir si le recours à la sous-traitance était inévitable, le syndicat a fait appel à MCE Conseils. Malgré la transmission tardive des documents financiers, une analyse de ceux-ci permet d’en arriver à la conclusion que les demandes de coupes de l’employeur s’inscrivent dans un contexte où ses activités de fonctionnement sont rentables et qu’il n’est donc aucunement justifié qu’il envisage le recours à la sous-traitance.
Malgré une mobilisation exemplaire et l’appui de nombreux syndicats, dont celui des enseignantes et enseignants du collège affilié à la FNEEQ–CSN, les employé-es de soutien ont reçu leurs lettres de licenciement, par huissier, à la fin du mois de juin.
« Nous ne baisserons pas les bras. Nous avons plusieurs possibilités de recours et nous entendons poursuivre la lutte. Depuis le début, l’employeur a un objectif : nous briser. Mais c’est bien mal nous connaître », conclut Jean Lacoursière.