À pareille date l’an dernier, Denis Savard ne savait plus où donner de la tête : la montée des eaux des affluents de la Rivière des Outaouais avait provoqué des inondations majeures dans la région de Gatineau. Les travailleuses et les travailleurs municipaux de la ville avaient d’ailleurs fait l’objet à l’époque d’un long reportage dans les pages du Point syndical.
« Mettons qu’on n’avait pas besoin de ça cette année ! », s’exclame-t-il au bout de la ligne.
« On en a parlé avec l’employeur, surtout après l’expérience de l’an passé. On se prépare, même si le risque est faible selon la Sécurité civile. Environ 32 000 sacs ont été commandés, on va les entreposer dans les arénas qui sont fermés à cause du coronavirus. On a également pris des dispositions pour mettre en place des mesures d’urgence tout en gardant une distance minimale de deux mètres entre les employé-es. »
Bien entendu, Denis a surtout d’autres enjeux à gérer ces jours-ci, alors que la crise du coronavirus affecte tout le Québec. « Le téléphone n’arrête pas de sonner. Nos membres ont beaucoup de préoccupations, ils sont inquiets. »
À la ville de Gatineau, restreindre les activités aux services réellement essentiels ne semble pas avoir été un problème jusqu’à maintenant. « Ça va relativement bien. On a réduit ça au strict minimum. On a renvoyé le plus de monde possible chez eux. Mais ça, c’était au début. Avec les nids de poule et le balayage des rues, on va devoir augmenter les effectifs la semaine prochaine. Je prévois déjà quelques problèmes à venir. »
Dans un contexte où la Santé publique demande aux gens de respecter une distance de deux mètres entre eux, la proximité imposée par le travail en équipe a rapidement posé problème. « On s’est ajusté, notamment dans les camions. Deux personnes par véhicule, c’est terminé. Maintenant, c’est chacun dans son camion. On continue de travailler en équipe, mais on respecte la distance de deux mètres. »
Les mesures d’hygiène ont également dû être améliorées. « Avec la fermeture de certains centres, les équipements et les produits de nettoyage et de désinfection étaient centralisés dans un seul centre d’approvisionnement. Ça créait des problèmes d’accessibilité pour les équipes qui travaillent dans les quartiers plus éloignés. On a remédié à ça. » Le syndicat, indique Denis, a par ailleurs fait de la désinfection des espaces de travail et des véhicules l’une de ses priorités.
Contrairement à d’autres municipalités, la ville de Gatineau n’a pas procédé à des mises à pied massives. « Si le boss décide de te renvoyer chez vous parce que t’as des symptômes ou que ton service est fermé en raison de la crise, t’es payé à 100 %. Si t’as des craintes en raison de ton système immunitaire, tu prends trois jours de maladie, puis l’assurance salaire court terme à 85 %. L’important, c’est de protéger notre monde. »