Réunis en assemblée générale le 12 décembre dernier, les chargées et chargés de cours de l’Université Laval ont dénoncé à l’unanimité les bonifications après-mandat octroyées récemment par le conseil d’administration à l’équipe de direction. Les chargées et chargés de cours demandent au conseil d’administration de réviser cette décision.
La divulgation, la semaine dernière, de la décision du conseil d’administration de l’Université Laval d’octroyer des bonifications après-mandat à son équipe de direction (recteur, vice-recteurs, vice-recteurs adjoints, secrétaire générale) pour une durée pouvant aller jusqu’à six ans, allongeant ainsi de trois ans une décision antérieure, a suscité un tollé dans l’ensemble de la communauté universitaire. Professeurs, chargés de cours, professionnels de recherche, responsables de formation pratique, auxiliaires administratifs, de recherche et d’enseignement, administrateurs et employés de soutien ont été stupéfaits qu’une telle décision puisse se prendre dans le contexte actuel de compressions budgétaires sans précédent.
En dépit des tentatives de justifications avancées par le président du conseil d’administration, M. John Porter, un malaise profond persiste. Comment, en effet, une telle décision a-t-elle pu être prise au moment où la haute direction exige de toute sa communauté des efforts hors du commun ? Minimisant l’impact de cette coïncidence, M. Porter a affirmé en ondes que cette décision aurait dû être prise il y a deux ans – autrement dit avant l’annonce des compressions -, que ces bonifications ne s’appliqueraient que dans deux ans, au moment où le gouvernement réinvestira dans les universités et qu’elles ont un effet nul sur la situation actuelle. Soit. Mais alors, comment comprendre cette décision du CA quand on l’examine sous l’angle du sous-financement chronique des universités dénoncé il n’y a pas si longtemps, en 2013, pendant le Sommet sur l’enseignement supérieur?
Dans deux ans, l’université sera-t-elle devenue assez riche pour se permettre d’offrir à deux équipes de 12 personnes, c’est-à-dire l’ancienne et la nouvelle direction, le salaire et les bonifications qui leur auront été octroyés ? Après avoir annulé des cours, fusionné des sections de cours, fermé des programmes, augmenté la charge de travail du corps enseignant et réduit les services aux étudiants ?
Une journée particulière
La séquence des évènements de la journée du 26 novembre 2014 pendant laquelle ce vote du CA a été pris laisse songeur. À 12 h 30, une manifestation intersyndicale avait lieu sur le campus pour dénoncer les compressions budgétaires de 42 millions $ imposées à l’Université Laval. À 14 h, se tenait l’Assemblée générale annuelle de l’Université au cours de laquelle le recteur, en réponse à des questions d’une assemblée inquiète de la situation, a déclaré que cette manifestation constituait un appui à sa cause devant le ministre de l’Éducation et a demandé qu’on lui fasse confiance. À 16 h, le conseil d’administration se réunissait pour voter, entre autres choses, ces bonifications après-mandat d’une hauteur sans précédent et qui n’auraient pas d’équivalent dans les autres universités du Québec (Le Soleil, 6 décembre 2014).
La haute administration de l’Université Laval est-elle à ce point coupée de sa communauté ? Face à l’ampleur de ces coupes qui frappent autant l’offre de cours que les services aux étudiants et qui augmentent la charge de travail du corps enseignant, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL) dénonce ces bonifications après-mandat ainsi que la dérive managériale qui les sous-tend, laquelle apparente les recteurs et leurs équipes à de hauts dirigeants d’entreprises ou de banques. Nous demandons à la haute administration d’être plus à l’écoute de leur communauté et de réviser cette maladroite décision.
Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL) représente 1 900 chargés de cours en lien d’emploi, dont 945 sont sous contrat à la session d’automne 2014.