Réunies à Montréal le 3 février, les déléguées des 3200 responsables en services de garde (RSG) en milieu familial ont adopté un plan de mobilisation qui vise à freiner les nombreux reculs imposés par le gouvernement de Philippe Couillard dans les services de garde éducatifs subventionnés à contribution réduite. Elles invitent d’ailleurs leurs membres à participer activement aux différentes actions et rassemblements prévus dans une dizaine de villes au Québec, le 7 février prochain, dont un vaste rassemblement à Montréal. Moins affectées par les compressions de 120 millions de dollars imposées en 2016-2017, les RSG se disent victimes des modifications apportées l’an dernier par le gouvernement au chapitre de la tarification des services de garde, dont les effets vont grandement se faire sentir lors de la déclaration d’impôts des parents.
Véritable choc tarifaire, pourtant décrié par les libéraux lors des élections d’avril 2014, les hausses varieront selon le revenu familial et pourront atteindre au maximum environ 3300 dollars par enfant par année, soit une augmentation de 273 %. Or, en raison de l’impact des crédits d’impôt gouvernementaux, les RSG constatent que des parents ont dû choisir entre, d’une part, des services de garde éducatifs de qualité dispensés par les RSG dûment accréditées et, d’autre part, les garderies familiales non subventionnées et non régies. « C’est comme si, du jour au lendemain, les services de garde en milieu familial régis et subventionnés, qui ont mis plus de vingt ans à se construire, étaient devenus pour le gouvernement de simples garderies familiales puisqu’il tend à favoriser le recours aux garderies commerciales dont l’offre de services de qualité est loin d’être garantie », affirme Lucie Longchamps, représentante du secteur des RSG à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).
Un récent recensement des places disponibles en milieu familial subventionné, mené dans 13 villes du Québec par la FSSS-CSN, a démontré que jusqu’ici 863 places étaient toujours vacantes, un phénomène nouveau, alors qu’il existait jusqu’à récemment une liste d’attente pour les parents désirant obtenir des places à contribution réduite. « C’est la première fois qu’autant de places sont devenues vacantes, renchérit Lucie Longchamps. Pour nous, c’est un signe que notre secteur vit un début de crise majeure qui va jusqu’à menacer l’existence même des responsables en service de garde.
Dans plusieurs cas, des RSG aux prises avec une baisse dramatique de leur revenu ont dû fermer leur service et se transformer en garderie familiale commerciale non subventionnée. Pour Dany Lacasse, vice-président de la FSSS-CSN et responsable du secteur privé, cette situation constitue un véritable signal que rien ne va plus dans les services de garde en milieu familial à contribution réduite : « Quand un gouvernement néolibéral est prêt à sacrifier l’avenir de nos enfants sur l’autel de l’austérité, il ne nous reste plus qu’à nous lever tous ensemble et à faire la bataille nécessaire et incontournable pour préserver notre réseau des services de garde. Et c’est à cette mission que nous allons consacrer nos énergies ».