Les sages-femmes ont adopté dans une proportion de 85 % l’entente de principe qui a été conclue le 28 mars dernier entre le Regroupement Les sages-femmes du Québec et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). « Cette négociation n’a pas été de tout repos, souligne d’entrée de jeu la présidente du RSFQ, Mounia Amine. Jusqu’en février dernier, les discussions bloquaient sur la question de la transmission des données réclamées par le Ministère, et le cœur des enjeux avait à peine été abordé. Cela dit, les pourparlers se sont intensifiés depuis et l’entente qui a été adoptée aujourd’hui constitue une amélioration de la reconnaissance de certains aspects de notre travail. »
Les gains
L’une des demandes prioritaires des sages-femmes portait sur l’amélioration du forfait de garde actuel, qui s’élève à moins de 2 $ l’heure (de 6500 $ à 8250 $ annuellement pour une sage-femme à temps complet). Même si elles sont encore loin d’obtenir ce qui est consenti aux professionnelles du réseau ou aux sages-femmes des provinces comparables, à qui l’on accorde une heure de salaire par huit heures de garde, elles accueillent positivement le montant de 9439 $ offert annuellement.
Les sages-femmes ont également obtenu de la part du Ministère l’assurance selon laquelle des moyens seront déployés pour préserver les conditions de travail de celles qui œuvrent dans le Grand Nord. La question de la révision de leur mode de rémunération sera quant à elle étudiée au sein d’un comité consultatif paritaire qui sera créé pour formuler des recommandations aux parties négociantes. « Il est question depuis de nombreuses années d’analyser et de possiblement réviser notre mode de rémunération afin qu’il reflète davantage la réalité de la profession. Ce travail nous permettra aussi d’étudier le mode de rémunération en vue de la prochaine négo », explique madame Amine.
Transmission de données
Sur la question de la transmission des données, qui a occupé une large part du temps de négociation, rappelons ceci : les sages-femmes se livrent déjà à une reddition de comptes au Ministère. Or, elles ont accepté que ces données soient aussi transmises aux établissements, tout en obtenant certains leviers de protection de leur autonomie professionnelle. Ceux-ci passent notamment par la création de comités paritaires de relations professionnelles dans les établissements, qui permettront aux CISSS ainsi qu’aux CIUSSS de mieux comprendre la réalité des sages-femmes dans leurs équipes. L’association a aussi obtenu un montant non récurrent de 40 000 $ notamment destiné à consolider l’outil de collecte de la reddition de comptes. « Cet exercice souhaité par le Ministère demande un grand nombre de ressources. Il n’était pas question que le développement de l’outil en question soit payé par les cotisations de nos membres. »
La présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Ginette Langlois, se réjouit pour sa part de l’adoption de l’entente aujourd’hui. « Les sages-femmes se sont battues bec et ongles et ont tenu la minute de plus pour l’avancement de leur profession et de leurs conditions. Elles ont tenu bon pendant trois longues années de négociation et ont montré toute la détermination nécessaire devant le Ministère pour défendre leur profession. Bravo à ces femmes qui se sont tenues debout devant le gouvernement, et ce, pour le plus grand bien des femmes et des familles du Québec », a-t-elle conclu.