Le 22 août dernier, RNC Média annonçait la coupe de trois postes dans le secteur de la télévision à Rouyn-Noranda et à Val-d’Or, en raison de « la situation économique ». Yvon Moreau, le président du Syndicat des employé(e)s en communication de l’Abitibi-Témiscamingue, remet en cause la bonne foi de l’employeur.
« L’encre de notre nouvelle convention collective est à peine sèche et on nous annonce ceci ! Comment ne pas douter de la bonne foi de l’employeur quand cela ne fait même pas deux mois que la convention est en vigueur et qu’on nous annonce des coupes basées sur les résultats financiers des six derniers mois ? L’employeur connaissait le portrait de la situation avant de signer la convention collective, mais il a laissé le syndicat réduire considérablement ses demandes afin de pouvoir boucler la négociation et il nous arrive avec ceci aujourd’hui. C’est faire preuve d’un grave manque de respect envers ses travailleuses et ses travailleurs », déplore M. Moreau.
De plus, le président observe que l’employeur ne respecte pas les clauses de la convention collective qui encadrent les abolitions de postes pour raisons financières. « La convention prévoit que l’employeur doit convoquer le syndicat afin de lui faire part de l’information. Le syndicat a ensuite 15 jours pour consulter ses membres et soumettre d’autres solutions à l’employeur, comme des départs à la retraite anticipée, par exemple. S’ensuit un délai de 30 jours pour l’application des décisions. Comme RNC Média veut que les coupes soient effectives dès le 21 septembre, ces délais ne sont pas respectés. L’entreprise renie sa signature en agissant ainsi. Nous exigeons d’exercer notre droit de consultation de nos membres, et ce, dans les délais prescrits », continue M. Moreau.
Pour Félix-Antoine Lafleur, président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec, la situation est inacceptable. « Dans la région, on connait les pratiques de RNC Média depuis longtemps. Une attitude comme celle-ci ne détonne pas ! Mais ce n’est pas parce qu’on les connait que c’est acceptable, surtout dans le contexte où la direction a voulu se “débarrasser” de cette annonce avant ses vacances, en refusant de rencontrer la totalité de l’exécutif du syndicat. Manque de respect, vous dites ? », martèle M. Lafleur.
Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture, à laquelle est affiliée le Syndicat des employé(e)s en communication de l’Abitibi-Témiscamingue, conclut en rappelant qu’à l’heure actuelle, des régions entières sont déstabilisées et sur le point de se retrouver dans un désert d’informations locales. « C’est donc l’accès à une information rigoureuse, diversifiée et locale qui est compromis partout au Québec. Et quand on apprend que RNC Média lance la première émission de radio générée et animée par l’intelligence artificielle en Outaouais, là où ils ont justement annoncé d’autres coupes la semaine dernière, on est en droit d’être très très inquiets pour la suite des choses », termine Mme Charette.