Le Zoo de Granby est une institution qui fait connaître sa ville partout au Québec et même au-delà. Mais la direction actuelle n’est pas à la hauteur de cette bonne réputation et gère le zoo en manquant de respect à ses employé-es, comme si c’était le dernier des fast-food. Il s’agit pourtant d’un OSBL syndiqué !
À titre d’exemple, le directeur général n’a pas daigné se présenter à la dernière séance de négociation du 24 septembre, alors qu’il était pourtant attendu à cette rencontre qui se déroulait en présence du conciliateur du ministère du Travail. Les négociateurs du zoo, qui étaient tout de même sur place, n’ont pas permis à la négociation d’avancer d’un pouce. Nous ne sommes même pas encore rendus au volet salarial après quasiment deux mois de lock-out et 35 séances de négociation depuis février !
Manque de respect
Ce dernier événement fait malheureusement partie d’une culture de manque de respect qui est systémique au zoo. Les syndiqué-es mis à la rue par l’employeur depuis le 29 juillet dernier rapportent qu’un cadre traite souvent des employé-es de « pelleteux de marde » ; d’autres patrons menacent les employé-es trop critiques de se faire changer de secteur, alors qu’ils sont attachés aux animaux de leur secteur. Des syndiqué-es ont aussi témoigné du non-respect, par des cadres, des règles de santé et de sécurité auprès des employé-es donnant les soins aux rhinocéros. Des visites surprises, sans s’annoncer, auraient pu les mettre en danger !
De façon plus générale, la période de probation peut s’étirer de telle sorte que certains sont maintenus sur des statuts d’emploi temporaire, pendant parfois plus de cinq ans. La convention collective actuelle maintient la précarité de plusieurs façons, notamment en multipliant les statuts d’emplois distincts où il est plus difficile, voire impossible d’obtenir sa permanence. Le syndicat constate aussi l’emploi excessif de sous-traitants (encore plus pendant le lock-out actuel), qui coûte pourtant cher à l’OSBL. Le zoo n’a d’ailleurs pas fermé ses portes durant ce lock-out, alors que seuls les cadres sont censés travailler.
« Il est totalement inacceptable qu’un OSBL manque autant de respect à ses employé-es. Le zoo devrait bien traiter ses humains », ironise Alexandre Laviolette, président de la Fédération du commerce–CSN. Ce dernier s’exprime au nom des 130 membres du Syndicat national des salarié-es de la Société zoologique de Granby–CSN.
Le directeur du zoo, Paul Gosselin, ne semble d’ailleurs pas craindre de perdre l’expertise de ses employé-es. Il a affirmé récemment à des travailleuses et des travailleurs en lock-out qu’il allait « en retrouver des bons » lorsqu’on lui mentionnait que plusieurs membres mis en lock-out risquent de se trouver des emplois ailleurs si une entente satisfaisante n’intervient pas rapidement à la table de négociation.
Bien-être animal
Malgré tout ce qui précède, le syndicat a toujours eu une attitude responsable envers le bien-être animal. Le zoo fait d’ailleurs partie de l’Association of Zoos & Aquariums (AZA), qui fixe des standards en matière de traitement des animaux. Un comité de bien-être animal est en place depuis le début du conflit pour répondre aux questions des cadres remplaçants. Malgré le lock-out, les soins aux éléphants sont toujours assurés par les membres du syndicat. Cette tâche requiert une bonne connaissance des animaux du zoo.
Jusqu’à récemment, le zoo ne fournissait même pas d’espace de stationnement aux employé-es responsables des éléphants. C’est une intervention de la CSN qui a permis de leur obtenir cet espace, par le biais d’une ordonnance du tribunal.
À propos
Le Syndicat national des salarié-es de la Société zoologique de Granby–CSN, section maintenance et gardiens, représente environ 130 membres, dont des techniciennes et des techniciens vétérinaires et en soins animaliers, des naturalistes-interprètes, des mécaniciens, des menuisiers ainsi que des membres du personnel administratif du Zoo de Granby.
La Fédération du commerce–CSN compte plus de 325 syndicats affiliés représentant 30 000 membres œuvrant dans le domaine privé. Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN regroupe quelque 12 500 membres issus de tous les secteurs d’activité, privés et publics, réunis au sein de 120 syndicats sur une base régionale.