Devant l’offre globale inacceptable qui leur a été faite la semaine dernière par le gouvernement, le même jour où l’on apprenait l’octroi de plusieurs milliards pour les médecins spécialistes, une cinquantaine de sages-femmes ont procédé aujourd’hui au raccompagnement symbolique du ministre de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Gaétan Barrette, et du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, là où ils seraient les plus utiles pour le système de santé : à la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).
« Nous sommes outrées des reculs que le gouvernement veut nous faire subir, a souligné une porte-parole du Regroupement Les sages-femmes du Québec (RSFQ), Marie-France Beaudoin. Notre pratique est bénéfique d’abord pour la santé des femmes et des enfants et, comme nous en avons déjà fait la démonstration, pour les finances dans le réseau de la santé et des services sociaux du Québec. Pourquoi le gouvernement est-il aussi intransigeant envers nous? Avant les fêtes, le ministre Barrette s’était clairement positionné dans les médias en accord avec la majorité de nos demandes. C’était de la poudre aux yeux. »
« Dans les faits, les sages-femmes n’ont jamais eu la chance d’aborder le cœur de leurs demandes, alors que leur entente est échue depuis 2015, a pour sa part enchaîné la vice-présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec, Josyane Giroux. Maintenant, les représentants de Gaétan Barrette nous présentent avec une fermeté déconcertante une offre globale tout simplement insultante. »
« Avec les milliards qu’il vient de distribuer aux médecins spécialistes, force est de constater que ce gouvernement de médecins n’en a vraiment que pour les médecins. Pourquoi est-ce si difficile de le faire réagir lorsqu’il s’agit de groupes de travailleuses comme les sages-femmes? Est-ce parce qu’elles sont des femmes, et qui plus est, parce qu’elles sont peu nombreuses? », a lancé la présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Ginette Langlois.
Pierres d’achoppement
Rappelons que la garde constitue le pilier de la pratique des sages-femmes, puisqu’elle permet d’assurer la continuité des soins durant toute la grossesse, l’accouchement et le suivi postnatal. À l’heure actuelle, les sages-femmes sont payées moins de 2 $ l’heure de garde effectuée. Or, l’offre du gouvernement leur ferait enregistrer un recul de près de 1700 $ par année pour une sage-femme à temps complet. « Le ministre Barrette semble s’opposer idéologiquement au règlement d’une entente en ne reconnaissant pas la spécificité de la pratique des sages-femmes. Quels professionnels de la santé sont rémunérés 2 $ l’heure de garde? Aucun. Pourquoi le duo Barrette-Couillard ne traite-t-il pas les sages-femmes de la même façon que les autres professionnels de la santé? C’est inacceptable », a enchaîné Marie-France-Beaudoin.
Notons que d’autres demandes ont aussi été écartées, comme le dédommagement de 10,75 $ réclamé pour les journées d’utilisation du véhicule. « Le gouvernement veut négocier avec nous en faisant fi de ce que notre travail engendre comme dépenses et comme exigences. Lors des journées de garde, nous sommes obligées d’utiliser notre voiture pour avoir avec nous le matériel nécessaire au besoin. Ce sont des dépenses qui devraient nous permettre de bénéficier d’une couverture minimum pour les distances que nous devons parcourir. Ce n’est pas normal que nous devions payer le kilométrage de notre poche. Encore une fois, le gouvernement se moque de nous. »
« Pourquoi messieurs Couillard et Barrette sont-ils aussi inéquitables envers un groupe de quelque 200 femmes, qui sont complètement dévouées aux femmes qu’elles accompagnent ainsi qu’à leur enfant et à leur famille? Pourquoi sont-ils aussi entêtés à leur envoyer des miettes, alors qu’ils ont distribué des milliards aux médecins et qu’ils ont engrangé des surplus indécents avec les coupes dans les services publics? Il est temps que le gouvernement reconnaisse le travail des sages-femmes et leur modèle de pratique qui a fait ses preuves à travers les années. Il est temps qu’il leur donne ce qu’elles méritent : le respect », a conclu la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain, Dominique Daigneault.