Aluminerie Alcoa

Le syndicat craint pour la disparition des emplois à Baie-Comeau

Au fait des discussions qui se déroulent actuellement entre le gouvernement du Québec et Alcoa, le Syndicat national des employés de l’aluminium de Baie-Comeau (CSN) leur demande de s’entendre dans les meilleurs délais pour assurer la pérennité des emplois dans cette municipalité de quelque 22 000 habitants.

Le syndicat représentant les 650 travailleuses et travailleurs de l’aluminerie de Baie-Comeau craint que la multinationale n’ait pas la réelle volonté de procéder à la modernisation de l’usine, pourtant prévue depuis 2000. C’est pourquoi, il réclame de la compagnie de clairement indiquer ses intentions pour rassurer la population régionale. Le syndicat demande aussi au gouvernement de maintenir les tarifs d’électricité à un niveau qui permette à l’entreprise de conserver ses opérations et les emplois dans la région.

Depuis 2000 : réduction des emplois et des conditions de travail

Avec l’arrivée d’Alcoa en décembre 2000, le syndicat ne peut que constater la décroissance de l’usine : de 2200 salariés qu’elle comptait alors, il n’en reste aujourd’hui que 900. Les travailleuses et les travailleurs ont toujours répondu aux demandes de l’employeur d’aménager la convention collective afin de permettre des investissements visant la modernisation de l’aluminerie. Ce faisant, ils ont consenti de multiples concessions. Le syndicat déplore que les investissements promis n’aient jamais été réalisés.

Cette décroissance de l’usine s’est poursuivie avec la réduction des heures travaillées pour satisfaire les exigences de la production de l’employeur. Cela s’est traduit par le premier plan de départ à la retraite massif.

Par la suite, toutes les négociations en vue du renouvellement des conventions (2003 – 2007 – 2010) ont visé à autant de réaménagements celle-ci, satisfaisant ainsi les demandes répétées de l’employeur pour permettre la modernisation promise. Celle-ci fut d’ailleurs annoncée en grandes pompes à deux reprises où, chaque fois, le premier ministre est venu rencontrer les travailleurs dans l’usine. Pour la population régionale et les travailleurs, toutes les promesses faites par Alcoa, suscitant autant d’espoir, allaient enfin se réaliser !

Treize ans plus tard, ces espoirs et les efforts consentis se traduisent par une nouvelle menace de fermeture.

Et les intentions véritables d’Alcoa ?

Au cours de cette période, Alcoa n’a posé aucun geste pour appuyer ses engagements d’investir dans la région, au contraire :

  • Elle n’a jamais procédé à l’entretien conséquent des équipements, sinon de faire le minimum. C’est le cas des redresseurs qui n’ont pas été entretenus, causant une grande inquiétude chez les travailleurs. Il s’agit d’un équipement névralgique qui requiert une grande attention. Cette insuffisance de l’entretien est-elle un signe du peu d’intérêt de l’employeur à maintenir ses activités dans la région ?
  • Certains investissements dans des projets de moindres envergures pour permettre la modernisation promise ne se sont, dans les faits, jamais réalisés à la hauteur nécessaire. Notons ainsi ceux pourtant annoncés aux activités portuaires pour accroître la capacité de recevoir des bateaux de plus grands tonnages.
  • Les activités administratives (service de la paie, achats, service d’ingénierie, etc.) ont été déplacées en Mauricie, plutôt que de demeurer dans la région. Alcoa se targue pourtant d’être un bon citoyen corporatif, impliqué dans son milieu.

Les trois reports de la modernisation, de même que tous les efforts qui ont été consentis dans les conditions de travail, ont complètement sapé le moral et la confiance des travailleurs envers cet employeur.

Le Syndicat national des employés de l’aluminium de Baie-Comeau (CSN), la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) et le Conseil central Côte-Nord (CSN) estiment que la demande d’Alcoa de rétablir le tarif d’électricité est légitime. Cependant un tarif plus bas ne suffirait pas à lui seul à assurer la pérennité des emplois à Baie-Comeau. Les coûts de production et la technologie utilisée des cuves ne permettent pas à Alcoa d’être compétitive dans un marché mondial où seules les alumineries avec un tonnage de 500 000 tonnes et une technologie de pointe assurent leur viabilité à long terme.

C’est pourquoi Alcoa et le gouvernement du Québec doivent se concerter pour mettre en place les conditions qui assureront le maintien des emplois dans la région. Le syndicat réitère sa demande d’être tenu au fait des discussions qui ont lieu entre Alcoa et le gouvernement du Québec, étant au premier chef concerné par les emplois et les conditions de travail. Il tient aussi à assurer la population qu’il demeurera vigilant et qu’il continuera d’intervenir pour assurer le maintien des emplois.

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