Le Regroupement Les sages-femmes du Québec (RSFQ) souhaite remettre les pendules à l’heure concernant l’affirmation de Gaétan Barrette selon laquelle les sages-femmes refusent de se soumettre à une reddition de compte. « Nous avons été très étonnées par les propos du ministre tenus cette semaine. Lorsqu’il dit que la négociation bloque parce que nous refusons de lui transmettre un rapport statistique, tout en se disant d’accord avec l’ensemble de nos demandes, ça frise la mauvaise foi », souligne une porte-parole du RSFQ, Marie-Pier Mainville, qui souhaite rétablir les faits à ce sujet.
Une reddition produite conjointement
« Nous avons développé la reddition de comptes conjointement avec le ministre et à sa demande en 2014, enchaîne-t-elle. Celle-ci permet de s’assurer que les sages-femmes respectent leurs obligations contractuelles en matière de suivis complets. Comment monsieur Barrette peut-il prétendre qu’on ne veut rien lui transmettre ? Nous sommes également surprises d’entendre qu’il dit être d’accord avec nos demandes. Le porte-parole à la table de négociation nous a répété plusieurs fois que la négociation se ferait à coût nul. Qu’en est-il de notre demande sur l’amélioration du forfait de garde, sur le remboursement des frais de kilométrages ou encore sur certaines primes, comme celle qui vise à assurer les services aux populations dans le Grand Nord? Celles-ci impliquent nécessairement l’injection de certaines sommes. Le ministre doit s’expliquer. »
Des risques de dénaturer la pratique qui sont bien réels
Marie-Pier Mainville déplore également l’impossibilité de satisfaire le ministère concernant les statistiques demandées. « Nous avons fait plusieurs suggestions pour répondre favorablement à la demande ministérielle. Nous avons aussi accepté que ces données soient transmises aux établissements malgré certaines craintes de voir des impacts négatifs sur le modèle de pratique. Cette proposition est demeurée lettre morte. On a fait plusieurs pas dans leur direction, mais le ministère cherche toujours de nouvelles raisons pour refuser ou se défiler. C’est exaspérant. »
Les sages-femmes redoutent notamment que la qualité de leurs services à la population soit grandement affectée et que leur pratique soit dénaturée par une éventuelle optimisation de leurs services. « Un représentant à la table du ministère nous a dit qu’il ne voyait aucun problème à couper dans nos services. Or, les sages-femmes doivent pouvoir utiliser leur jugement clinique et avoir la légitimité de décider comment elles utilisent leurs heures avec les femmes et les familles qu’elles suivent. Nous sommes inquiètes des glissements potentiels qui pourraient être engendrés par de telles mesures sur les familles que nous suivons aussi. Faudra-t-il demander aux femmes d’accoucher plus rapidement pour réduire le temps supplémentaire effectué par les sages-femmes ? »
Les bottines doivent suivre les babines
« Quoi qu’il en dise, le gouvernement n’a pas l’intention de mettre une cenne dans la négociation, souligne pour sa part la présidente de la Fédération des professionnèles (CSN), Ginette Langlois. Or, on a bien vu dans la mise à jour économique du gouvernement qu’il nage dans des surplus de milliards de dollars, en grande partie grâce aux mesures d’austérité. Les sages-femmes sont des professionnelles de première ligne dans le système de la santé et des services sociaux et font partie de la solution pour améliorer le réseau. Sans compter qu’elles permettent de réaliser des économies d’échelle importantes à l’État québécois. Il est temps qu’elles cessent de devoir se battre avec le docteur Barrette pour qu’il le reconnaisse concrètement », conclut-elle.