Les bris de service dans le transport scolaire au Québec ont atteint des sommets ces dernières années, révèle une étude de l’IRIS dévoilée en septembre. La pénurie de personnel et les conflits de travail y sont pour quelque chose.
En 2024, 30 syndicats dans le transport scolaire se sont dotés d’un mandat de grève, sur 32 négociations dans le secteur. Parmi les 30 syndicats, 19 ont exercé la grève. Ce sont 200 bris par jour qui ont été enregistrés en moyenne en 2022-2023 et 137 en 2023-2024, touchant respectivement quelque 8000 et 5500 élèves.
Le profit avant les enfants
À l’automne 2022, le gouvernement a allongé 130 millions afin, entre autres, de bonifier les salaires du secteur. En ne rattachant aucune somme à cet objectif, il a laissé le champ libre aux transporteurs pour accroître leurs profits. Dès les premières négociations, les membres de la CSN ont fait face à des employeurs qui ne voulaient pas partager cet argent.
Les grands transporteurs au cœur du problème
Le fonctionnement même de Transco, de Transdev ou de Sogesco, trois gros joueurs qui contrôlent en partie le secteur au Québec, va à l’encontre de l’intérêt public. Deloitte, qui n’est pas un allié naturel des syndicats, estime qu’un rendement moyen de 8 % avant impôt est tout à fait raisonnable dans ce secteur. Or, Sogesco, qui possède une trentaine de filiales au Québec, affiche un rendement moyen de 15,5 % de 2014 à 2023, soit près du double. Pour arriver à cette forte rentabilité, cet employeur offre les pires conditions salariales. Résultat : Sogesco est la championne des conflits de travail et des bris de service, le tout financé à 100 % par de l’argent public, sans aucun risque pour elle.
La gestion publique : un contrepoison ?
En 2011, le Vérificateur général du Québec estimait que 10 entreprises contrôlaient 35 % du transport scolaire. Cette concentration atteint maintenant 40 % du marché et inquiète l’IRIS.
Alors que moins de 1 % du transport scolaire est sous gestion publique au Québec, dans le reste du Canada, il est bien souvent public, en tout ou en partie. Pour contrer la concentration de l’industrie et lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, l’État québécois devrait augmenter la proportion de véhicules scolaires qu’il gère.
À cet égard, un projet pilote de transport scolaire public mené par le Centre de services scolaire des Affluents, dans Lanaudière, a permis de réduire de 95 % les bris de service entre les années scolaires 2022-2023 et 2023-2024. Selon l’IRIS, cette piste de solution serait prometteuse pour garantir le service aux parents et à leurs enfants.