Des centaines de personnes ont pris part à une marche de solidarité avec les travailleuses et les travailleurs du chantier naval Davie, dimanche à Lévis. De nombreuses personnalités politiques, dont le premier ministre du Québec et le maire de Lévis, participaient également à la marche. « Le premier ministre Trudeau ne peut plus nous ignorer », s’est exclamée Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) qui organisait la marche en collaboration avec la compagnie. Les syndiqué-es porteront leur cause à Ottawa, dès lundi.
Régent Guay, président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon inc., était ému de l’ampleur de la mobilisation. « Au nom des 800 personnes qui vont perdre leur emploi, si le gouvernement fédéral ne bouge pas rapidement, je veux vous remercier de vous être déplacé en si grand nombre, vous êtes la preuve que la population est attachée au chantier de la Davie et qu’elle en est fière », a-t-il déclaré.
Un front commun politique inédit
De nombreuses personnalités politiques se sont déplacées pour appuyer la cause des travailleuses et des travailleurs de la Davie démontrant ainsi l’ampleur du consensus politique au Québec, une première pour le chantier de Lévis. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui avait annoncé sa présence la veille, a rencontré les responsables syndicaux en avant-midi et participé à la marche de solidarité. Le maire de Lévis, Gilles Lehouiller, un appui indéfectible au chantier, était également présent tout comme de nombreux maires de la rive-sud ainsi que le député de Lévis, François Paradis, le député de Bellechasse-Etchemins-Lévis, Steven Blaney, Martine Ouellette, chef du Bloc Québécois. Des délégations du NPD, du Parti Québécois et de Québec solidaire étaient également présentes.
Traitement équitable
Pour le président de la Fédération de l’industrie manufacturière de la CSN, Louis Bégin, les gouvernements ont un rôle à jouer dans le développement d’une politique industrielle qui assure la création et le maintien de bons emplois. « En ce qui concerne la construction navale, il y a trois grands chantiers maritimes au Canada, dont Davie est le plus grand, on ne peut pas passer à côté », a-t-il déclaré. « On ne demande pas la charité, on exige un traitement équitable pour le Québec et notre juste part des contrats fédéraux pour la Davie, c’est une question de justice élémentaire. »
Ottawa interpellé
« Monsieur Trudeau, il est temps de corriger une injustice faite à la Davie », a une fois de plus martelé Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), « c’est toute la population qui vous le dit aujourd’hui, vous ne pouvez plus nous ignorer ». Rappelons qu’en 2011 le gouvernement fédéral conservateur a octroyé pour 33 milliards de dollars aux chantiers Seaspan et Irving, ne laissant que des miettes pour le chantier de Lévis.
Ann Gingras annonce que la lutte se poursuit et que la CSN ne lâchera pas le morceau. « Dès lundi on va être à Ottawa pour interpeller le ministre de la Défense au sujet des contrats de la Marine royale canadienne », a-t-elle indiqué. En effet, des représentant-es des syndicats de la Davie ont été invités par Martine Ouellette, chef du Bloc Québécois à assister dans les tribunes aux débats en chambre alors que son parti interpellera le gouvernement à ce sujet.
À propos du syndicat
Le Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon inc. (CSN) a été fondé en 1949 et compte près de 1 000 membres au chantier Davie. Il est affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) qui rassemble plus de 30 000 travailleuses et travailleurs au sein de 320 syndicats répartis partout au Québec, ainsi qu’au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) qui représente plus de 250 syndicats regroupant 45 000 syndiqué-es. Pour sa part, la CSN compte plus de 300 000 membres dans toute la province provenant tant des secteurs privés que publics.