Près de deux ans après l’échéance des conventions collectives dans le secteur préhospitalier, les syndicats CSN attendent toujours une offre du gouvernement susceptible de répondre aux enjeux du secteur. Déterminés, ils haussent le ton. En se réunissant aujourd’hui pour bloquer les deux entrepôts de la Société des alcools du Québec à Montréal et à Québec, des paramédics de tout le Québec veulent mettre en lumière que ce n’est pas une question de moyens financiers pour le gouvernement mais bien de volonté politique. Cette action d’envergure en annonce d’autres à venir promettent les paramédics.
Les syndicats du préhospitalier veulent notamment un redressement salarial assurant aux paramédics un niveau de salaire compétitif par rapport aux salaires versés dans les autres services de sécurité publique ou encore dans les urgences des hôpitaux. De son côté, le gouvernement offre des augmentations de seulement 6 % sur trois ans ce qui aurait pour effet d’accroître encore davantage le fossé de rémunération entre les paramédics et tous les autres salarié-es qu’ils côtoient au quotidien. La rémunération non concurrentielle contribue aux difficultés d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre dans le secteur. De plus, parmi les demandes syndicales notons des moyens assurant que le personnel puisse manger et terminer leur quart de travail aux heures prévues ainsi que l’élimination des horaires de travail désuets, les horaires de faction.
« Maintenant que des ententes ont été conclues dans tout le secteur public, il est inconcevable que le gouvernement ne mette pas plus d’énergie pour régler avec nous qui sommes toujours en négociation avec l’État, explique le président intérimaire du Syndicat du préhospitalier –CSN , Claude Lamarche . Nos revendications vont dans le sens de l’amélioration des services à la population et de la couverture ambulancière dans toutes les régions du Québec. Ce n’est pas normal qu’en 2022 le service soit tenu à bout de bras par des travailleuses et des travailleurs qui doivent faire des heures supplémentaires à la fin de chaque quart, sans avoir eu de pause-repas. »
Horaires de faction
« Convertir un horaire de faction en horaire à l’heure commande un investissement de 800 000 dollars, enchaîne le président du Syndicat des paramédics et du préhospitalier de la Montérégie – CSN , Gaétan Dutil. Cela équivaut à la somme engrangée par le gouvernement en dividendes et en taxes en deux heures d’ouverture des succursales de la SAQ. Si nous sommes incapables de régler cette situation, ce n’est pas une question d’argent. C’est que le gouvernement choisit d’investir ailleurs que dans la qualité des services préhospitaliers. Toute la population doit le comprendre ! »
Les horaires de faction sont des horaires de travail désuets en vertu desquels les paramédics doivent demeurer disponible 24 h sur 24 durant 7 jours consécutifs pour répondre à des appels d’urgence. Par conséquent ils n’attendent pas l’appel dans l’ambulance, prêts à partir mais en général de leur domicile. On estime que cela peut ajouter jusqu’à 10 minutes au délai d’intervention des paramédics dans les régions couvertes par de tels horaire. Ce délai supplémentaire peut faire une différence importante lorsqu’il s’agit de sauver une vie ou de limiter les complications et préserver la qualité de vie des usagères et des usagers.
Finir à l’heure
« Manger à l’heure prévue, terminer notre quart de travail sans toujours devoir faire des heures supplémentaires est-ce vraiment trop demander ? poursuit le président du Syndicat du préhospitalier des Laurentides et de Lanaudière – CSN, Patrice Girard. Nous avons droit à une qualité de vie même si par sa nature, notre travail dans les situations d’urgence exige qu’on puisse faire face aux imprévus. Mais ça devient de plus en plus une pratique de gestion d’exiger de nous qu’on travaille au-delà des heures prévues. Un moment donné, cette heure, ces deux heures par jour que nous faisons de plus sur la route, c’est du temps de qualité de moins avec notre famille. Il faut changer ça, les solutions existent ! »
Un appel au respect
« Ce qu’on veut, c’est être respectés. Que le gouvernement se donne la peine d’entendre quels sont nos besoins sur le terrain, conclut le président du Syndicat des paramédics de l’Abitibi–Témiscamingue Nord-du-Québec, Harold Lavoie. Au contraire, on nous dit que nous sommes prioritaires, essentiels, mais à chaque occasion, on oublie de le reconnaître concrètement. En négociation aussi. Ce qu’on nous offre est clairement insuffisant. Il faut que le Conseil du trésor, le gouvernement dégage au plus vite les mandats nécessaires pour qu’on puisse trouver un terrain d’entente. »
À propos
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) représente plus de 3600 travailleuses et travailleurs du secteur préhospitalier, paramédics, répondantes et répondants médicaux d’urgence (RMU) et employé-es de soutien, soit la majorité du personnel de ces services.