Blogue de Jacques Létourneau
Un concert de critiques. La récente décision de Donald Trump de réactiver les tarifs douaniers sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada, du Mexique et des pays membres de l’Union européenne, a provoqué un consensus rarement constaté : syndicats, gouvernements canadien et québécois, classes moyennes au nord comme au sud de notre frontière commune ainsi que l’ensemble des pays que nous disons libres ont tour à tour déploré la récente manœuvre du président américain. Les critiques ayant été formulées, il nous faut maintenant poser les questions qui s’imposent.
Cette nouvelle mesure de protectionnisme économique lancée par le président Trump jeudi dernier s’inscrit dans une dynamique de négociations économiques : revoir les termes de l’ALENA et l’ensemble des échanges commerciaux internationaux, déclarer une guerre commerciale à une multitude de partenaires politiques, sinon économiques, des États-Unis. Forcer le jeu dans le cadre de la renégociation de l’ALENA en ciblant la réouverture des législations en matière de gestion de l’offre? Bien entendu.
Elle s’inscrit de même, malheureusement, dans une dynamique de séduction malsaine menée par le président Trump auprès de la classe des travailleuses et des travailleurs américains : prétendre protéger l’emploi en bombant le torse auprès de ses propres alliés naturels.
Mais à qui cette nouvelle manœuvre profite-t-elle vraiment? Certainement pas aux travailleuses et aux travailleurs américains : une récente note de la Chambre de commerce des États-Unis évalue à 2,6 millions le nombre d’emplois qui pourraient être perdus en raison des politiques économiques menées par Donald Trump envers la Chine et les partenaires de l’ALENA et, aujourd’hui, sur les questions de l’aluminium et de l’acier. Certainement pas non plus aux consommateurs qui verront gonfler les prix d’une multitude de produits. Encore moins à plusieurs autres secteurs de l’économie américaine, des distillateurs de bourbon aux producteurs de cornichons, qui s’inquiètent déjà de l’impact des représailles annoncées par le Canada et de celles à venir de la part de l’Union européenne.
Les mesures protectionnistes annoncées par Trump cette semaine ne peuvent favoriser que certains pans du capital américain. En plus de consolider Trump dans ses aventures populistes en vue des élections de mi-mandat.
Au Québec et au Canada, ce sont des milliers d’emplois de la métallurgie et de secteurs connexes qui sont menacés. Bien que nous craignions une dangereuse spirale de mesures protectionnistes pouvant freiner la croissance économique et mettre en péril la situation de l’emploi au pays, nous saluons les gestes posés par le premier ministre Trudeau. Les velléités guerrières de Donald Trump ne pouvaient rester sans réponse.
Inquiète des effets qu’aura cette nouvelle guerre commerciale sur les travailleuses et les travailleurs du Québec et des milliers de membres que nous représentons, la CSN suivra de près les prochains développements. Nous en appelons à la classe politique québécoise et canadienne à se tenir debout devant les délires du président américain et de tout faire, dans le cadre des actuelles discussions quant au renouvellement de l’ALENA, pour préserver nos industries et nos emplois. Déjà, les gouvernements canadien et québécois nous consultent. Nous avons bien l’intention de poursuivre notre défense des travailleuses et travailleurs de l’acier et de l’aluminium, que ce soit ceux d’Alcoa à Baie-Comeau, de Fer et Titane à Sorel, d’Aluminium Shawinigan, d’Acier Leroux à Boucherville et de tous les autres que nous représentons, contre les velléités malsaines de l’administration Trump. Et ce, comme nous le faisons depuis plusieurs années pour ceux du secteur des pâtes et papiers.