Premiers répondants

Les enjeux de santé mentale mis en lumière

Du 15 au 21 octobre se tient la Semaine nationale de la santé et de la sécurité du travail (SST). Depuis plusieurs années, le Conseil central de Lanaudière­­–CSN (CCL–CSN) profite de l’occasion pour soulever des enjeux de santé et de sécurité propres à un type d’emploi présent sur son territoire. Cette année, l’accent est mis sur le travail des premiers répondants.

« Dans notre région, nous avons plusieurs centaines de femmes et d’hommes qui, dans le cadre de leur travail, interviennent quotidiennement lors d’événements graves. Que ce soit à titre de paramédic ou d’agente et agent correctionnel à l’Établissement Joliette, ces premiers répondants vivent des situations extrêmes qui peuvent avoir des répercussions importantes sur leur santé, particulièrement leur santé mentale », lance Francine Ranger, présidente du Conseil central de Lanaudière.

Afin de faciliter l’accès à des ressources spécialisées pour les travailleuses et les travailleurs de première ligne, les paramédics du Québec ont développé, depuis juin 2015, un partenariat avec La Vigile, une maison d’accueil avec des programmes d’aide particuliers pour les personnes qui portent l’uniforme. Daniel Bourbonnais, vice-président du syndicat des paramédics Laurentides-Lanaudière–CSN, croit que le grand nombre de paramédics qui recourent aux services de La Vigile envoie un message clair. « Notre travail c’est d’intervenir rapidement et efficacement lors de situations d’urgence. Les événements traumatisants auxquels nous sommes confrontés de façon répétée causent très souvent de la souffrance psychologique et c’est le devoir du gouvernement de se préoccuper de la santé de ses employé-es ».

C’est d’ailleurs dans le but d’obtenir une législation québécoise pour la reconnaissance du trouble de stress post-traumatique (TSPT) chez les premiers répondants que le Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) a lancé, le 26 septembre dernier, le court-métrage percutant Travailler au bord du gouffre, qui présente la violente réalité dans laquelle évoluent les agentes et agents correctionnels. Ce court-métrage est un des outils utilisés par UCCO-SACC-CSN dans le cadre d’une campagne plus large pour demander aux gouvernements fédéral et provincial de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de la santé de tous les travailleurs et les travailleuses de la sécurité publique. « Les dernières données de l’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique indiquent que près de 30 % des agentes et agents correctionnels développeront un TSPT. Ce chiffre alarmant nous commande de trouver rapidement des solutions concrètes, autant du côté de la prévention que du diagnostic et des traitements », affirme Frédérick Lebeau, président régional du Québec pour UCCO-SACC-CSN.

Lebeau tient aussi à souligner que les législations diffèrent grandement d’une province à l’autre quant à la présomption de stress opérationnel pour les premiers répondants, ce qui entraîne une grave iniquité de traitement pour les agents correctionnels à travers le Canada, particulièrement au Québec, où aucune mesure en ce sens n’existe dans le cadre législatif actuel.

Dans le cadre de cette semaine de sensibilisation, le Conseil central de Lanaudière–CSN (CCL–CSN) invite tous ses syndicats affiliés à tenir une activité sous le thème Prévenir, c’est anticiper. « Nous souhaitons que les syndicats utilisent cette activité pour identifier les risques dans leur milieu de travail et qu’ils trouvent des moyens pour corriger les situations problématiques. Nous organisons aussi une rencontre avec tous les représentants en santé et sécurité des syndicats de la région afin d’échanger sur les bons coups des uns et des autres », ajoute Luce Melançon, vice-présidente du CCL–CSN et responsable du dossier SST.

La CSN profite de la Semaine nationale de la santé et de la sécurité du travail pour rappeler les statistiques inquiétantes dévoilées en 2016 par la CNESST : 80 morts à la suite d’un accident (11 de plus qu’en 2015) et 137 décès à la suite d’une maladie professionnelle (10 de plus qu’en 2015). «Ces statistiques sont les pires enregistrées depuis les dix dernières années. Il est inacceptable que le travail rende malade ou pis encore, qu’il tue autant dans toutes les régions du Québec », conclut Jean Lortie, secrétaire général de la CSN.

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