Satisfaite d’avoir participé à la consultation menée par l’Institut du nouveau monde (INM) sur l’éducation à la petite enfance, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) constate que le gouvernement n’a pas changé d’un iota sa position, ni réagi devant le tollé engendré par ses actions régressives en matière de services de garde : « Le constat est d’autant plus alarmant, observe Jacques Létourneau, président de la CSN, qu’il a engrangé des surplus de 5,4 milliards de dollars en 2015-2016, réalisés notamment sur le dos des familles et des travailleuses des services de garde. D’où l’importance de réinvestir massivement pour rétablir un niveau de services adéquat. »
Une facture salée aux parents
En outre, fait valoir la CSN, les parents utilisateurs vont payer plus cher cette année le prix du désengagement de l’État. La facture va en effet couvrir douze mois plutôt que neuf mois en raison de la tarification fixée selon le revenu familial, entrée au cours du mois d’avril 2015. « C’est une attaque inadmissible aux principes d’universalité et d’accessibilité pour tous les enfants que l’on s’est donnés lors de la création du réseau, il y a plus de vingt ans », ajoute Jacques Létourneau.
Pour un réinvestissement massif
La CSN est d’avis que le réseau des services de garde, tant en centre de la petite enfance qu’en milieu familial régi, un joyau envié au Canada et ailleurs dans le monde, a été l’objet d’un dénigrement systématique et d’attaques sans précédent du gouvernement libéral. À commencer par un encouragement fiscal jamais égalé de plusieurs centaines de millions de dollars versés aux parents qui optent pour les garderies commerciales plutôt que pour le réseau des services de garde déjà bien implanté, ce qui contribue à l’émergence d’un régime à deux vitesses.
En ce sens, la centrale syndicale partage l’idée du rapport de l’INM de « retirer l’offre de crédits d’impôt pour les enfants inscrits dans les milieux de garde non régis ». Ces services de garde n’ont en effet pas à répondre aux mêmes critères que les services régis, et subissent très peu de contrôle, voire aucun.
De plus, le gouvernement a imposé depuis 2014 des coupes de plus de 300 millions de dollars, affectant durement les services aux enfants. Et peu a été fait jusqu’à présent pour renverser la vapeur, souligne la centrale syndicale, hormis une diminution peu significative de la tarification consentie aux parents ayant plus d’un enfant et le saupoudrage de 30 millions non récurrents dans le but de calmer la grogne.
« Le gouvernement doit mettre fin au saccage des services de garde éducatifs et rétablir la situation qui prévalait avant son arrivée au pouvoir en avril 2014, d’ajouter le président de la CSN. Outre un réinvestissement massif, Québec doit poursuivre le développement de places en CPE et en milieu familial, et rétablir sans délai la tarification universelle à contribution réduite. En outre, nous accueillons favorablement la recommandation à l’effet « d’assurer le plus rapidement possible la gratuité pour tous les enfants de 0 à 4 ans. La CSN propose d’ailleurs d’offrir dès maintenant aux familles à faible revenu la gratuité des services de garde. »
Par ailleurs, la CSN reçoit positivement les recommandations qui visent à valoriser et à favoriser l’accompagnement des responsables en service de garde en milieu familial, notamment par la reconnaissance des acquis et la formation.
Enfin, la centrale accueille favorablement la recommandation relative à un meilleur contrôle de la qualité des services, notamment dans les garderies commerciales. Rappelons que des recherches ont confirmé que la fréquentation d’un service de garde éducatif améliore le développement global de l’enfant et son bien-être si les services sont de qualité. D’autres études ont démontré que la qualité des services en CPE et en milieu familial régi est supérieure à celle des services offerts dans les garderies commerciales.