Des employé-es syndiqués de la CSN travaillant dans des centres d’hébergement privés se sont rassemblés aujourd’hui devant le Château Frontenac à Québec, où se déroulait le congrès annuel du Regroupement québécois des résidences pour aîné-es (RQRA), afin de dénoncer l’intransigeance et la fermeture de certains propriétaires devant des demandes pourtant très raisonnables.
État de la négociation
« Jusqu’à maintenant, 17 établissements sur 42 en négociation coordonnée ont accepté d’accéder à nos demandes. Pourtant, de gros joueurs comme Eddy Savoie, qui évalue lui-même sa fortune à près de 1,5 milliard, refuse obstinément de nous accorder la modeste augmentation de 1,50 l’heure sur trois ans que nous demandons. Il semble oublier que sans nous, ses résidences Soleil n’existent pas », a souligné d’entrée de jeu le représentant du secteur des centres d’hébergement privés (FSSS-CSN), Gilles Gagné.
Quatre fois le salaire hebdomadaire pour le congrès
Le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Dany Lacasse, rappelle que les travailleuses et travailleurs des résidences privées, principalement des femmes, accusent des retards importants sur le plan des conditions de travail par rapport à d’autres secteurs. « Leur rémunération moyenne est de 12,80 $ et se situe donc tout près du salaire minimum. Le calcul n’est pas bien difficile à faire; les propriétaires membres du RQRA payent plus de 1000 $ pour assister aux trois jours du congrès au Château Frontenac et couvrir tous les frais reliés. Une femme qui travaille 35 heures à
12,80 $ sera payée 448 $ pour une semaine, avant impôt. Toute proportion ramenée, le coût de participation au congrès est de près de trois fois le salaire hebdomadaire net d’une travailleuse. Trouvez-vous que ça a de l’allure vous autres? »
La présidente du Conseil central de Québec Chaudière Appalaches (CSN), Ann Gingras, s’est elle aussi profondément indignée de la situation. « Le marché des centres d’hébergement privés explose. Ces millionnaires ont flairé la bonne affaire et cherchent à s’enrichir davantage sur le dos des personnes aînées et des salariés. Le groupe Résidences des Bâtisseurs, propriétaire de la résidence Sully à Québec qui fait aussi de la misère à ses employé-es, vient d’annoncer un chantier de six millions de dollars pour agrandir la résidence. Une prochaine résidence ouvrira ses portes en mars 2017 à Baie-Saint-Paul, et des projets sont en marche pour La Malbaie et La Tuque. propriétaire de dix résidences au Québec. Et après ils viennent nous dire qu’ils n’ont pas les moyens de bien traiter ceux et celles qui mettent tout leur cœur à prendre soin des aîné-es ? Foutaise! » a-t-elle lancé.
Rappelons aussi qu’encore tout récemment, le groupe Réseau Sélection annonçait un investissement de près de 2 milliards de dollars d’ici 2020 dans la construction de nouvelles résidences pour aîné-es, alors qu’il a maintenu ses employé-es en grève durant trois mois. « Malgré leurs avoirs démesurés, ces propriétaires adoptent la ligne dure face aux personnes qu’ils embauchent. C’est honteux. En réduisant leurs conditions de travail, c’est la qualité de services aux aîné-es qu’ils réduisent aussi pour s’en mettre plein les poches. Toute société qui se respecte ne peut accepter de tels abus », a conclu Dany Lacasse.