Les membres du Syndicat des travailleurs de la Mine Noranda (STMN–CSN) ne l’ont pas eu facile ces dernières années, la question environnementale s’étant invitée à leur fonderie à vitesse grand V avec la crise de l’arsenic.
« Ça nous est tombé dessus dans les médias, comme tout le monde », explique Jérémie Dickey, vice-président du syndicat. L’histoire a commencé avec le groupe Mères au front, vers 2019. « Le fameux test de détection de l’arsenic par les ongles a fait capoter tout le monde », se souvient le vice-président. Un taux d’arsenic anormal est trouvé chez les personnes, dont des enfants, qui habitent près de la fonderie de Rouyn-Noranda.
Une mobilisation citoyenne s’organise. « C’est parti en vrille », raconte Jérémie en se souvenant que certains employé-es se faisaient même traiter de tueurs d’enfants à l’épicerie ! Des gens ont d’ailleurs quitté leur emploi en pensant que l’entreprise allait fermer. D’autres restaient, non sans stress.
« Au début, la distinction ne se faisait pas entre les travailleurs et les investisseurs sur la responsabilité de chacun », soutient-il. On a fait connaître le combat du syndicat, notamment devant le Tribunal administratif du travail, pour faire diminuer les poussières et le risque », rappelle-t-il en précisant que la présence d’arsenic dans l’air est passée de 1000 nanogrammes vers l’an 2000 à 48 nanogrammes en 2023.
Notons qu’au moment de publier, Radio-Canada rapportait que le projet Aeris de Glencore pour réduire l’arsenic risquait d’être abandonné. Des mesures de réduction des émissions seraient proposées pour économiser, en raison de la concurrence des fonderies chinoises à bas prix.
Malgré tout, la crise a permis de faire avancer le dossier environnemental. « L’amélioration des mesures de santé et de sécurité à la fonderie, ça règle des problèmes en ville », résume Jérémie. Des progrès ont aussi été réalisés en « se servant des médias pour se faire entendre auprès de la population et pour inciter l’employeur à passer plus vite à l’action ».
« On voit qu’on peut faire du judo avec une crise en se servant de la force du débat public en environnement pour faire progresser nos usines et assurer leur avenir », conclut Kevin Gagnon, président de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN.