Le 2 mars dernier, les quelque 400 salarié-es de SSQauto déclenchaient une grève générale illimitée pour appuyer leurs revendications à la table de négociation. Les syndiqué-es, outrés de l’attitude méprisante de l’employeur, ont rejeté en bloc l’ensemble des demandes patronales. Il a fallu attendre neuf semaines de grève, l’intervention de la Fédération du commerce-CSN et de la CSN ainsi que l’arrivée d’un nouveau conciliateur pour enfin voir le conflit se solder par un règlement satisfaisant aux yeux des salarié-es.
« Sacrifiez-vous, je dois me payer une tour ! »
Les grévistes étaient offusqués de voir SSQauto se payer une nouvelle tour de bureaux à Longueuil, alors que l’employeur exigeait de leur part d’importants reculs, notamment en matière de retraite et d’assurance collective. Il était difficile de ne pas avoir l’impression que SSQ se construisait une tour sur le dos de ses salarié-es. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué de le souligner en se mobilisant le 12 mars dernier alors qu’ils s’étaient réunis devant le chantier du futur édifice.
L’employeur espérait sûrement voir les salarié-es accepter ses demandes sans dire un mot. Il en a été tout autrement, ceux-ci ayant évalué que la mobilisation pouvait permettre des gains là où il semblait n’y avoir que des reculs. Les membres ont décidé de se serrer les coudes afin d’opposer à l’employeur un rapport de force suffisamment important pour le faire revenir à la table de négociation et lui faire renoncer à certaines exigences. Il est à noter qu’en cours de chemin, les syndiqué-es de SSQauto ont reçu l’appui de leurs quelque 600 collègues de SSQvie, qui ont voté trois jours de grève pour les appuyer.
La solidarité a finalement payé
Malgré l’intransigeance patronale, malgré la sous-traitance dont ils étaient victimes, malgré l’épuisement résultant de neuf semaines de grève, les travailleuses et travailleurs ont refusé de baisser les bras et ont pu obtenir un règlement qui répondait à leurs attentes. Selon Éric Tremblay, président du Syndicat des salariés et salariées de SSQ société d’assurance générale, « la grève a été éprouvante pour nos membres, mais avec cette entente, elle en a valu la peine. Le retour au travail sera plus facile, les salarié-es ne se seront pas battus en vain ».
À la conclusion de ce règlement, les travailleurs et les travailleuses ont obtenu des hausses de 11 % réparties sur une période de six ans, auxquelles s’ajoute un montant forfaitaire de 5 % pour l’année 2014. Les salarié-es réussissent à éviter que leur régime de retraite soit intégré à celui des cadres et des professionnel-les non syndiqués. En outre, alors que l’employeur voulait obstinément hausser l’âge de départ à la retraite à 63 ans, les syndiqué-es ont réussi à faire en sorte qu’il passe de 60 à 61 ans. Ils ont également réussi à obtenir une amélioration générale de l’ensemble des différentes primes qui leur sont accordées, tout en maintenant celle liée au départ à la retraite. Pour leur part, les conseillers et les conseillères en assurance de groupe voient leurs différentes conditions de travail bonifiées.
Les grèves sont assez rares dans le secteur financier et celle de SSQauto aura permis de démontrer que la solidarité, la persévérance et la lutte peuvent rapporter. Cela n’a pas été de tout repos, mais avec l’entente conclue, les salarié-es sont rentrés au travail la tête haute.