Les services préhospitaliers tels que nous les connaissons ont été bâtis à la suite de luttes mémorables menées depuis plus de 30 ans par le personnel du secteur, notamment les ambulanciers paramédicaux de la CSN, ce qui a mené à une véritable professionnalisation du secteur et à une amélioration considérable des services à la population. L’année 2017 s’annonce déjà comme un nouveau jalon important de cette grande marche vers la consolidation de ces services, qui nous apparaissent aujourd’hui indispensables.
En avril dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux lançait un pavé dans la mare en annonçant le retrait du gouvernement des négociations avec le personnel de ce secteur. À l’en croire, les conditions de travail et d’exercice de la profession ne seraient plus de son ressort. Et pourtant, même si les services sont assurés par des entreprises et des coopératives partout, sauf à Montréal et à Laval, c’est le gouvernement qui les finance, par contrat. C’est l’État et les établissements publics qui établissent les normes de la profession et qui doivent assurer une uniformité des services sur le territoire. Il est difficile d’imaginer, d’ailleurs, comment il pourrait en être autrement.
Des enjeux importants
Les 3600 membres des syndicats CSN du secteur — paramédics, répartitrices et répartiteurs et employé-es de soutien — sont sans convention collective depuis le 31 mars 2015. Les négociations concernent Urgences-santé, à Montréal et Laval, et des dizaines d’entreprises et de coopératives partout au Québec, réunies au sein de trois associations patronales. Au moment d’écrire ces lignes, les discussions sur les aspects normatifs étaient passablement avancées. Toutefois, les pourparlers achoppent sur les questions nécessitant de nouveaux investissements. Car, selon les patrons, le gouvernement refuse de leur garantir toute somme supplémentaire au-delà du 1er avril 2017, alors qu’elles devront renouveler leurs contrats de service. Et comme le gouvernement dit ne plus vouloir négocier directement avec les syndicats du secteur, les membres de la CSN se trouvent sans interlocuteur pour discuter de leurs principales priorités.
Pourtant, un règlement sur ces sujets, outre la question salariale, entraînerait des améliorations immédiates aux services à la population, un aspect délicat pour le gouvernement. Ainsi, l’instauration d’horaires normaux au lieu des horaires de faction, en vertu desquels les paramédics doivent se tenir prêts à intervenir durant sept jours consécutifs, serait bénéfique pour le temps de réponse des paramédics aux appels d’urgence — il va de soi qu’on ne peut passer 168 heures de suite derrière le volant d’une ambulance à attendre un appel… De même, les surcharges de travail dans certaines zones urbaines font en sorte que les services ne peuvent être déployés de façon optimale. En négociation, le personnel du secteur veut également élargir l’accès à une retraite progressive et s’attaquer à des problèmes de santé et de sécurité du travail.
La grève
Dans ces circonstances, les syndicats ont décidé de consulter leurs membres sur le déclenchement éventuel d’une grève au cours de laquelle ils pourraient aller jusqu’à cesser certains types de transport. Une telle grève n’a jamais été exercée. La santé et la sécurité de la population ne seront bien entendu pas mises en péril, mais en cessant d’effectuer ces transports non essentiels, ils exerceront une pression considérable sur tout le système qui peinera à trouver une solution de rechange.
« Nous sommes conscients qu’une grève générale dans le secteur sera inconfortable pour tout le monde, explique le responsable du secteur à la FSSS–CSN, Jean Gagnon, membre du comité national de négociation. Mais si on doit se rendre là, le ministre Barrette en sera le seul responsable. C’est à lui d’agir, maintenant, pour faire débloquer la négociation. »