Soutien aux médias écrits dans le budget provincial 2017

La FNC estime les mesures déposées loin des besoins réels

Même s’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, la Fédération nationale des communications–CSN estime que les mesures de soutien à la presse écrite dévoilées dans le récent budget provincial de Carlos Leitão sont loin de combler les besoins réels.

« Pour nous, le geste historique posé par le gouvernement Couillard démontre qu’il est préoccupé par la crise économique des médias et qu’il y a moyen d’apporter du soutien à la presse écrite sans miner son indépendance. Cependant, les sommes et les moyens accordés sont nettement insuffisants et il est clair qu’ils ne suffiront pas à donner un nouveau souffle au quatrième pouvoir qui, rappelons-le, est essentiel à la santé démocratique de nos communautés », s’inquiète Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN.

Le gouvernement a annoncé une enveloppe de soutien au virage numérique de 24 millions de dollars sur cinq ans visant à financer deux programmes, soit un pour les médias communautaires et d’économie sociale, et l’autre pour les médias imprimés et numériques. La seconde mesure octroie 12 millions de dollars également sur cinq ans afin de réduire la taxe prélevée par RecycleMédias pour le recyclage du papier des journaux traditionnels.

« L’abolition imminente de la publication obligatoire des avis publics des municipalités dans les journaux locaux de la province incluse dans le projet de loi 122 risque, à elle seule, de retirer environ 10 millions de dollars annuellement en revenus publicitaires aux médias écrits québécois. De plus, les données suivantes tirées d’une note économique de la firme MCE Conseils nous permettent de constater qu’au Québec, de 2010 à 2014, les revenus publicitaires annuels des quotidiens écrits ont décliné de 130 millions de dollars, passant de 445 à 315 M$. La majorité de ces revenus ont été redirigés vers les médias numériques, pour la plupart américains, Facebook et Google en tête. Nous sommes donc à même de constater que les 36 M$ annoncés lors de ce dernier budget ne comblent pas les pertes de revenus publicitaires qui servaient autrefois à la production de nos informations », d’ajouter madame St-Onge.

Cette crise structurelle menace des centaines d’emplois qui génèrent d’importantes recettes fiscales vraisemblablement plus élevées que l’aide timide qui vient tout juste d’être accordée dans le cadre de ce budget.

« Comment penser que, dans un tel contexte économique, les médias d’information québécois pourront continuer d’offrir une grande qualité, diversité et pluralité d’information autant localement que nationalement ? D’autres pays soutiennent de façon beaucoup plus marquée leurs médias. De notre côté, nous attendons toujours des actions concrètes de la part du gouvernement de Justin Trudeau qui n’a pas cru bon d’intervenir sur cet enjeu majeur lors du dépôt de son dernier budget. Plus que jamais, nous croyons fermement que le gouvernement fédéral devra instaurer des leviers économiques et réglementaires afin de contraindre les géants du Web à retourner une partie de leurs revenus publicitaires aux producteurs de contenus d’information d’ici », insiste madame St-Onge.

« Que faut-il de plus pour réaliser l’ampleur du péril qui nous guette ? Des signes évidents démontrent que l’effritement des médias traditionnels affectent concrètement le fonctionnement de nos sociétés et nous amènent vers une crise de la démocratie : pullulement des fausses nouvelles et des théories du complot, l’opinion qui capte toujours plus l’espace public et qui polarise nos débats de sociétés, atteintes aux libertés de presse et à la protection des sources journalistiques, difficulté du public à distinguer le contenu journalistique du publicitaire et les sources fiables des charlatans, et plus encore. Nous sommes face à un véritable tournant historique et l’ensemble des pouvoirs publics et de la population doivent prendre tous les moyens nécessaires afin de s’assurer que les médias d’information et les journalistes pourront continuer de jouer leur rôle de gardiens de la démocratie », de conclure madame St-Onge.

La Fédération nationale des communications–CSN regroupe 6000 membres dans 88 syndicats œuvrant dans les domaines des communications et de la culture.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

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