En ce 18 décembre, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) tient à souligner la Journée internationale des migrants. Chaque jour de par le monde des travailleuses et travailleurs fuient le chômage et la misère de leur pays et partent à l’étranger, à la recherche d’un travail décent, à même d’améliorer leur sort et celui de leur famille. Selon les données de l’ONU, ils seraient ainsi plus de 232 millions à s’exiler pour de meilleures conditions.
Le Canada profite de cette situation économique difficile que connaissent plusieurs pays pour combler ses besoins de main-d’œuvre. Depuis 2000, le nombre de travailleurs migrants a d’ailleurs haussé de 70 % ici. Des postes où les conditions de travail sont médiocres, au point que les travailleurs canadiens n’en veulent pas, sont de plus en plus occupés par des travailleurs migrants : dans l’aide domestique, en restauration, dans l’hôtellerie, dans les abattoirs ou encore dans le secteur agricole ou forestier.
Un bon nombre des migrants recrutés entrent au pays par le Programme d’embauche des travailleurs étrangers temporaires. « Autrefois, par l’ouverture des frontières, on visait à accueillir des gens pour qu’ils s’installent chez nous, avec leur famille et qu’ils s’intègrent à la société, d’expliquer Jean Lortie secrétaire général de la CSN. Mais les programmes de travail temporaire changent la donne, les travailleurs et les travailleuses qui viennent ainsi sont renvoyés chez eux au gré des besoins des entreprises. Cela contrevient au principe fondamental de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui veut que le travail ne soit pas une marchandise. »
Plusieurs de ces programmes de travail sont conçus de façon à rendre le travailleur vulnérable, le permis de travail étant lié à un seul employeur pour un emploi précis. « Dans de telles conditions, il lui est extrêmement difficile d’exiger le respect de ses droits. Le travailleur qui se plaint risque d’être congédié et il ne pourra retravailler au Canada à moins d’obtenir un nouveau permis, ce qui implique des délais très longs. Sans ressources financières, isolé, il peut en venir à accepter n’importe quel travail au noir où il sera encore plus exploité et vulnérable », poursuit Jean Lortie.
La CSN revendique pour les travailleuses et travailleurs migrants le droit de changer d’employeur, le droit de choisir son lieu de résidence et l’accès au statut de résident permanent dès la première année en sol canadien.
Au Québec, la main-d’œuvre migrante temporaire dite peu spécialisée provient principalement des Philippines (aides familiales) ainsi que du Guatemala et du Mexique (travailleuses et travailleurs agricoles).